mardi, décembre 27, 2005

Quand l'habit ne fait pas le moine...

Quand on porte un nom pareil, qu'on en joue et en abuse il faut en avoir un peu dans le gilet comme on dit chez moi. Le problème c'est que Thomas Lélu arrive comme un messie mais que le costume est un peu trop grand pour lui. A sa décharge, je dirais qu’on n’est jamais tout à son aise dans un costard d'emprunt. Est-ce la faute d'un marketing savamment orchestré? Un titre racoleur et énigmatique, une photo de l'auteur prise par Jean-Baptiste Mondino (rien que ça), une barbe de quinze jours faussement négligée (résultat très difficile à obtenir), un quatrième de couv’ annonçant « un univers singulier proche de Tex Avery et des Monty Python », un bandeau "Premier Roman" rognant 1/3 de la couverture comme un alibi à l'achat bref un bien de consommation facile, ludique et conditionné genre 3 en 1.
Et oui, vous me voyez venir, j’en veux beaucoup à Thomas Lélu. Je le jalouse aussi car il m’a dit quelque chose qui ne m’a pas, mais alors pas plu du tout lorsque je suis allée le rencontrer l’autre jour au salon du livre de l’Hôtel de ville.
Je m’avance intriguée vers ce plutôt beau garçon de trois ans mon cadet assis, aurais-je dû m’en alarmer ? à côté de mon ami Marc Lévy. Je l’enjoins timidement à me dédicacer son livre puis l’interroge sur son parcours de romancier débutant.
A-t-il beaucoup attendu avant d’être publié ? A-t-il essuyé de nombreux refus ?
Relevant la tête vers moi, il me lance un regard dans le genre méditation silencieuse au sommet du Mont Blanc qui me met aussitôt mal à l’aise puis me répond du bout des lèvres :
« J’en sais rien. Je ne l’ai envoyé qu’à un seul éditeur et cela a suffit. »
Bah mon gaillard je n’ai pas pu m’empêcher je me suis vue lui répondre :
« Vous êtes un pistonné alors ! »
Je crois que cela ne lui a pas fait plaisir… Du premier coup ! Edité au premier envoi ?! Nous avons donc affaire à un génie. Le marketing n’est présent que pour mieux mettre en valeur cet auteur exceptionnel. Je me plonge dans la lecture de son Jeanne Mass, spirituellement prête à accéder au divin.
Il est de la famille des livres qu’on regrette d’avoir achetés sur un coup de tête, de ceux pour lesquels on voudrait se faire rembourser avec dommage et intérêts.
Une sombre mascarade, de la « littérature » syncopée qui se veut drôle et originale mais qui n’est que du Dominique Noguez réchauffé, du Paul Eluard sous ecstasy, un vrai bad trip. Morceaux choisis :
« J’entre dans la boîte, la salle est totalement enfumée, c’est vraiment trop ouf donc je commence à sourire et je sors deux trois mots en anglais à une fille qui passe près de moi et qui me fait penser à un abat-jour ».
« Nous poussons deux trois personnes qui fument des oinjes et qui nous font des whaou mais on est vachement plus balèzes qu’eux alors no problem pour passer et on arrive à l’entrée où les flics et le SAMU nous attendent, habillés en cosmonaute ».
Est-ce la peine d’en rajouter ?

jeudi, décembre 08, 2005

La France exacte, ou presque...

Il y a quelques jours de cela, notre président recevait à l'Elysées ce que les journaux qualifièrent de "panel représentatif des français" ou plutôt de "France exacte". Certains riaient sous cape de cette France qui possédait en son sein quelques visages bien connus des services de police, du récidiviste notoire à l'aigrefin à temps partiel. On s'en étonne, on s'en emeut mais quoi de plus exacte que la vérité vraie? Le bandit est en droit de se poser autant de questions que le notable. Parce qu'on a tutoyé plus souvent les barreaux de la prison que les barreaux de chaise on ne devrait pas être autorisé à fouler du pied la moquette moelleuse des salons de l'Elysées et à serrer la paluche du grand Jacques?
Ce qui était chouette ce jour là à Matignon s'était justement ce vrai visage de la France même si il était plus près de celui de Madame Toulemonde que de celui de Miss Languedoc-Roussillon.
Un atelier d'écriture c'est un peu la même chose (chaud devant la digression !). On prend un mot, noble et fédérateur (par exemple la "Littérature") et puis on ouvre la porte. Ne sont entrés que ceux pour qui ce mot avait une signification. On referme la porte et là on s'étonne poings sur les hanches de ne pas reconnaitre ses petits. C'est qu'il existe autant de forme d'écrivants que de lettres dans l'alphabet russe.
On vient apprendre à écrire sans pour autant correspondre à un schéma préadmis. L'aspirant écrivain n'est pas ce ténébreux jeune homme aux cheveux longs au regard sombre et torturé qui habite sous les toits où il nourcit des pages et des pages enfievrées. L'aspirant écrivain s'appelle Marie-Laure, Thibault ou Charles-Eric, il a 19, 32 ou 45 ans et vient de milieux sociaux aussi divers que variés. Il vient à l'atelier d'écriture pour s'entendre dire qu'on l'aime, pour répondre à l'attente d'un psychothérapeute dérouté ou ambitieux, pour rencontrer d'autres ermites du stylo bille, pour améliorer son style ou pour carrément devenir écrivain de renom. Les ambitions diverges autant que les visages, autant que les caractères. Laurence est introvertie, peut-être en cure thérapeutique pour apprendre à se "lacher" (un mot a connaitre puisqu'il s'agit du leitmotiv des ateliers d'écriture), Thibault parle, lit, ecrit à 100 à l'heure courant après on ne sait quel hypothétique bonheur, Sarah a eu une enfance triste, sans doute malheureuse alors quand elle écrit, elle dit "merde, fais chier, ta gueule" au moins une fois par atelier afin de montrer qu'elle en a bavé, Charles-Eric est un homme pressé, entre deux mémos sur son palm pilote et trois SMS il arrive à suivre l'atelier et à s'investir histoire de rendre l'affaire un temps soit peu rentable, Annick vit dans une nostalgie débordante qu'elle n'arrive à réfreiner que par des pauses cigarettes qu'elle souhaiterait plus nombreuses etc etc. Et l'homme orchestre dans tout ça? Il s'agit de JC et JC est à l'atelier ce que cerbère est aux enfers. Il garde de main de maitre l'illusion que chacun de nous a un potentiel artistique fabuleux. Ici nul question de se critiquer autrement qu'en disant "ouah on a tous été super fort aujourd'hui!" ou variante "et oui très intéressant, tu devrais le continuer chez toi".
Beaucoup s' accomodent de ces bon sentiments et dodelinent de la tête lorsque JC rembarre les pourfendeurs de mièvreries en disant "Avant d'abattre les montagnes, le sage déplace d'abord les pierres". Voilà comment tourne un atelier d'écriture, celui là même où je vais chaque semaine déblayer quelques cailloux dans l'espoir de déplacer les montagnes de l'anonymat!

lundi, novembre 21, 2005

La fesse cachée de Catherine Millet

J'avais d'abord pensé intituler ce post "La mécanique de Catherine M." mais s'eut été encore faire du tort à Calaferte que j'aime bien. Il faut bien avouer malgré tout qu'il s’agit bien là de mécanique et non pas de sensibilité.
De la fesse triste à qui mieux mieux, des sexes calculés au kilomètre, des éjaculations au mètre cube et des partouzes au mètre carré.
Un rapport d'inventaire implacable aussi sexy qu'un annuaire des postes.
Il y a pourtant de la matière dans la vie sexuelle de Catherine M. On sent bien que rien ne nous sera dissimulé et c'est parfois bien cela qu'on tendrait à lui reprocher à la longue. En effet rien de son anatomie et de sa façon de s'en servir ne nous est épargné. Sa sexualité nous est exposée de manière froide et chirurgicale tant et si bien qu'on ne sait plus si on se trouve chez le garagiste ou sur le lieu d'une autopsie.
La démarche m'avait semblé intéressante au départ, je me demandais bien quel culot, quelle drôle de liberté pouvait bien animer cette femme publiquement connue qui de plus évolue et évoluait à l'époque dans un milieu parisien faussement open minded.
Je me disais que peut être, cette femme viendrait briser quelques tabous à la dent dure de ceux qui font que la débauche des hommes passe pour du Dom Juanisme et celle des femmes pour de la nymphomanie mais bon je crois que non. Catherine Millet ne sera pas à la sexualité féminine ce que Freddy Mercury fut à la communauté gay.

lundi, novembre 07, 2005

Pour les nuls qui souhaitent le rester

Lorsque je me mets en quête d’acheter un précis de littérature, j’agis un peu comme l’acquéreur d’équidés sur une foire agricole. Au lieu de regarder la dentition, je reluque en vitesse l’index à la recherche de la partie consacrée à Romain Gary. C’est un indice pour moi quasiment infaillible. Cet autre jour dans les rayons lettres d’un grand magasin, je tombe sur ce nouveau vade-mecum pour connaisseurs approximatifs. Très bien, dans l’index je repère très rapidement la page dédiée à mon auteur fétiche mais là, calamité de calamité je tombe dans cet indicible abîme qui sépare le nervous breakdown du total blackout.
Je lis et relis l’imbécillité qui y est écrite à m’en faire une irréversible exophtalmie : « Romain Gary, auteur Français né à Paris… »
Mais où ont-ils bien pu trouver pareille ânerie ? Gary né à Paris ? Passe encore quand je vois écrit « né à Moscou » puisque c’est lui-même qui le disait dans son art de transformer la réalité mais depuis il est communément admis qu’il est né à Wilno, Pologne. Et cet état de fait n’est pas qu’anecdote débile de fétichiste ; c’est la base de l’histoire de cet écrivain déchiré entre plusieurs nations, c’est ce qui l’a formé, construit et fait homme. Ce n’est pas chipoter entre un écrivain qu’on dirait être né dans le 16ème alors qu’il a vu le jour à l'Hôpital américain de Neuilly. Une fois l’incongruité dépassée, je parcours rapidement la généreuse dizaine de lignes dédiées à Gary. Pour du survol, c’est du survol ! C’est un peu comme déclarer qu’on connaît Paris alors qu’on a juste fait le tour du périph’ !
Epargnez 22 euros et ressortez votre ringard Lagarde & Michard. C'est toujours dans les vieux pots...

mardi, novembre 01, 2005

Supplice Finois

En Finlande comme dans beaucoup d'autres pays, le suicide est l’une des premières causes de mortalité.
Il est vrai qu’à l'austérité ambiante s’ajoutent les rudesses des éléments, le chômage endémique et les semaines de crépuscule polaire qui ne poussent certes guère à la gaudriole et à l'épanouissement personnel. Et pourtant, pourtant il y a en Finlande quelques phénomènes qui vous sortent du fond du fjord pour vous hisser très haut. De ces choses qui vous requinquent comme une bonne gorgée de vodka, qui viennent vous fouetter délicatement le corps tel un bouquet de rameaux de feuilles de bouleau parfumées au sortir du sauna. De ces choses qui tiennent plus leurs promesses qu'un hypothétique Père Noël. Il y a dieux, elfes et lutins merci Arto Paasilinna, le brise-glace local.
Avec Petits Suicides entre amis, il éperonne le quotidien de finlandais au bout du rollmops qui, sous la direction d'un Colonel, d'un homme d'affaire déchu et d'une secrétaire déprimée forment bientôt la folle équipée des suicidaires anonymes.
A bord d'un car Pullman rutilant, ils se mettent en quête de récupérer un par un les aspirants au suicide de l'ensemble du pays.
Cela donne lieu à une extravagante galerie de portraits : un éleveur de rennes retors, un capitaine en cale sèche, un serveur bout en train, un dresseur de visons, une femme battue bref tout ce que peut contenir comme détresse l'univers de la mélancolie. La conclusion est brutale, force est de constater que la Laponie ne résonne pas que de rires d'enfants et de grelots de rennes et non, les marmottes ne passent pas leur temps à mettre le chocolat dans le papier d'alu...
S’ensuit un long périple à travers la Suède, l’Allemagne, l’Alsace, la Suisse puis le Portugal. Et pourquoi ce circuit touristique pour des aspirants au néant me direz-vous ? Et bien c'est qu'ils recherchent le meilleur endroit pour orchestrer leur suicide collectif ! Le récit « traineau » un peu en longueur et parfois le lecteur à lui aussi envie d’en finir. Mais quand trouveront-ils le lieu idéal pour leur grand saut vers l’inconnu ?
Heureusement la dérision y règne en maître et on s’attache progressivement à ce petit troupeau esseulé et bramant.
Encore un livre à déguster. A lapone heure !

mercredi, octobre 26, 2005

Ivresses parallèles

Il y a bientôt 10 ans, je croisais par le plus pur des hasards Frédéric Beigbeder à la Librairie La Hune du Bd St Germain. Je rêvais à l'époque de faire partie du Caca's club (club des analphabètes cons mais attachants) dont il était le fondateur. Lorsque ce dernier me lança un regard plus que concupiscent, je restais malheureusement interdite et n'osais franchir le pas qui m'aurait mené vers la gloire ou plus assurément dans son lit. Depuis cette fugace rencontre, Beigbeder est devenu écrivain, le caca's club n'existe plus et Bukowski est mort. Comme quoi tout fout le camp. Il est toutefois intéressant de profiter de l'occasion pour faire un rapprochement entre ces deux écrivains. Pour voir à quel point le jeune loup s'est inspiré du vieux cochon aussi bien dans ses écrits que dans l'évolution de son personnage. A la lueur de "Contes de la folie ordinaire" et de "Nouvelles sous ecstasy" je vais, sans trop de peine, vous en faire la démonstration. Inutile de spécifier que le parti pris est évident et que biensûr Beig n'a pas la carrure de Buk, qu'il flotte même dans ses santiags et se noie dans son fond de bourbon mais bon quand on copie en moins bien il faut s'attendre à quelques revers... Beigbeder aime comparer (Le Clezio à Gillot Petré, Ravalec à un sanibroyeur, Paul Auster à un imposteur) alors comparons !
Leurs points communs :
Une certaine marginalité.
L'usage de drogues.
Le goût des femmes.
Une grande liberté.
Anthropologistes de leur milieu.
Tous deux divorcés père d'une fille.

Leurs divergences :
L'un est marginal dans son milieu, l'autre est marginal dans le milieu qui n'est pas le sien.
L'un est un alcoolique achevé, l'autre cherche de nouvelles sensations dans les paradis artificiels.
L'un n'a aucun respect pour les femmes mais est un vrai tendre, l'autre se dit romantique mais est un vrai macho.
L'un eut une enfance favorisée, l'autre est né pauvre et se faisait battre par son père.
Quand l'un est cru c'est de la littérature, quand l'autre est acide c'est déjà vu dans Voici.
Quand l'un vomit dans ses toilettes d'hotel miteux l'autre vomit dans les poubelles de la rue de Varenne.
Quand l'un se descend trois bouteilles de Sancerre à Apostrophe avant de sortir son cran d'arrêt, l'autre cherche encore comment heurter l'opinion publique et créer la contreverse.

Moralité:
Si Bukowski était une voiture, il serait une jeep crottée jusqu'à la moelle.
Si Beigbeder était une voiture, il serait une smart couverte de pub.
Ca klaxonne, ça se faufile mais ça tient pas la distance.

vendredi, octobre 21, 2005

Recyclage

Poppy Z Brite a depuis plus de vingt ans déjà, pris comme cheval de bataille de bousculer les bonnes moeurs de l'amérique puritaine. Jusque là, je ne peux que l'en féliciter et l'encourager au porte voix à décoincer les conventions qui pétrissent ce grand pays, à faire voler en éclats les pudibonderies de façade.
Mais comme le dit le proverbe "la fin ne justifie pas toujours les moyens".
En voici à mon goût un bel exemple.
Avant de fustiger ce livre, je vais comme Coluche mettre les choses bien à plat en signalant que je n'ai absolument rien contre les homosexuels, j'en compte moi même parmi mes amis et ai usé mes fonds de jeans au Boys de Paris que j'avais pas 17 ans!
Bon, ceci dit, Poppy Z. Brite, cette icone underground, sorte de Jeanne Mas matinée de Louise Broooks, tente de lancer sans élan un pavée dans la mare en imaginant ce qui serait advenu si Paul Mc Cartney et John Lenon avaient été amants.
Ca jette un froid! Le premier qui rit, il sort c'est un ordre !
Tu parles d'un pavée! Autant balancer une camionnette de gravier au fond de la Seine, ça fera plus de remous...
Pauvre Poppy et heureusement pour les homosexuels qui ne l'ont pas attendu !
C'est y a trente ans que tu aurais dû le sortir ton livre mais comble de malchance Lenon n'avait pas encore été assassiné ! Je suis pas certaine que cela lui aurait plu de s'"Imaginer" avec Paul dans son lit ou ailleurs ! Et pourquoi pas après tout, là n'est pas le fond du sujet...
Le vrai sens de ce livre est de postuler le fait que deux idoles mondialement connus peuvent changer la face de la terre et les convictions en avouant aux yeux du monde leur différence.
Il y a pourtant eu des précédents célèbres qui n'ont pas beaucoup aidé les homos à se sentir moins marginalisés : Bowie et Jaegger n'ont ils pas été soupçonnés d'avoir fait tirlipimpon sur le Chihahua? Madonna n'aurait-elle pas tondu à maintes reprises la pelouse de Sandra Bernhard et d'autres jeunes Virgin peu farouches sans pour autant faire baisser les prestations des jardiniers ?
Moi aussi je m'en pose des questions Poppy. Je sais c'est pas facile de s'appeler Poppy. J'ai moi même eu un chien dont la simple évocation m'arrache des larmes qui s'appellait Popsy. Il ne s'en ait jamais plaint mais il aurait pu.
Allons Poppy, il y a trente ans l'homosexualité était encore réprimée en Angleterre, OscarWilde croupissait dans sa geole de Reading, une nouvelle chasse aux sorcières était lancée mais toi Poppy tu arrives un peu comme la cavalerie. C'est le geste qui compte me direz-vous ? Un geste commercial tout de même! Elle n'a pas, que je sache, laissé l'intégralité des revenus de ce livre à la fondation Freddy Mercury.
Enfin tout cela n'est pas bien grave, on ne saurait en vouloir à ceux qui ont un peu trop copiné avec Marie-Jeanne en écoutant en boucle "Imagine". L'utopie a ses dérives que la littérature héberge toujours de bon coeur. Ca la perdra !

vendredi, octobre 14, 2005

Camping chez sa Majesté

Quelle drôle d'idée d'élire domicile dans un camping niché au coeur d'un Royaume-Uni aux portes de l'automne? Quelle idée encore plus absurde d'y rester alors que tous les estivants ont fui la rigueur du climat et l'oisiveté du site pour finalement se retrouver l'esclave des lieux et d'une population entière ?
Cela fait malheureusement partie des mirages de l'existence dirait le philsophe. Moi, j'appelle plutôt ça de la schkoumoune.
Voilà ce qui arrive à ce jeune garçon parti seul avec sa moto dans l'intention de traverser l'Inde. Bien loin de céder aux sirènes de la félicité promise par Katmandou, le voici peu à peu en train de s'enliser à la fois dans ce camping paumé et dans ses rapports humains.
Ce qui ne devait être qu'une étape devient progressivement le lieu de toutes ses afflictions.
Le patron du camping, un certain Tommy Parker, bourru et peu bavard, lui dresse peu à peu l'air de rien, une liste de travaux de force que le jeune homme peine à refuser. La quinzaine de jours qu'il devait passer au camping deviennent semaines puis mois. Sisyphe à la crème anglaise.
L'aspirant aventurier se transfome sous nos regards désabusés en ouvrier homme à tout faire puis en laitier dépassé par les evènements.
L'unique compensation à ces journées de labeur sont les compétitions de fléchettes et les bières partagées au pub le plus proche avec des autochtones aussi rustres qu'acariâtres.
De concessions en renoncements, notre pauvre garçon nous fait souvent penser à nos propres faiblesses, à nos démissions à notre façon parfois de céder à une certaine fatalité.
On le déteste de se laisser manipuler, on le trouve stupide et sans impétuosité mais on ne peut s'empêcher de le regarder avec beaucoup de tendresse car c'est un peu de notre côté sombre, en tout cas je me suis sentie dans ses Doc Martins autant que dans ses haricots sauce tomate.
Débordée et dépitée par un monde implacable.
Un beau livre à l'humour anglais à ne pas laisser passer.

dimanche, octobre 09, 2005

Parties cul alimentaires

On sort de la lecture des "Particules élémentaires" de Houellebecq comme d'un marathon effectué à reculons.
Déconcerté, écoeuré, la tête farcie d'images glauques.
L'histoire de ces deux demi-frères paumés dans un monde qui l'est tout autant mais qui semble les rejeter, vous abandonne sur le trottoir comme une mauvaise cuite. Rien à aucun moment ne vous laisse entrevoir une issue favorable à ces vies qui nous sont livrées sous le jour cruel de la réalité.
Amateur de sexe façon Régine Desforges passez votre chemin! Il n'est ici question que d'une sexualité dépravée, impudique, triste et solitaire où chacun porte son appareil génital en bandoulière. Les personnages sont avant que d'être des hommes et des femmes, de la chair à farcir, passez-moi l'expression.
Quel est le but de Houllebecq ? Ecrire pour partager son angoisse d'exister, donner en contre-exemple des morceaux choisis de sa propre dérive ou écrire pour de l'alimentaire ? Lui même dit vouloir témoigner de la déchéance du monde et sur l'urgence d'une mutation. Si la solution s'appelle Raël, on va encore réfléchir un peu... Il y a beaucoup de lui dans ce roman au travers de l'enfance massacrée, de la recherche d'identité, du rejet du monde moderne écrasant et réducteur mais Houellebecq choisit de mettre en avant Bruno, le personnage le plus terne du roman, au détriment de Michel plus ambigu mais au combien plus intéressant. Cela est regrettable à mon avis.
Aucun de ces deux personnages ne sera épargné par les vicissitudes de la vie et systématiquement le bonheur rebroussera chemin dès qu'il se présentera face à eux.
Ce roman résume la vacuité du monde et l'impossibilité d'y être heureux quoi qu'on y face dans le silence ou le vacarme de ses idéaux. C'est noir, sans issue. Un cul de sac dans un sac de culs où seul le sexe donne du relief aux paysages.
Faut-il lire Houellebecq ? Oui mais si tout va bien chez vous et en gardant à portée de main son sens de la dérision.

dimanche, septembre 25, 2005

Bilan d'incompétence

Voici déjà quatre mois que mon manuscrit "C'était l'année des C pour les chiens" a été envoyé aux éditeurs et il est temps, me semble-t-il, de faire un petit point quant aux résultats de cette requête.
- 21 éditeurs contactés (19 parisiens, 2 provinciaux).
- 16 réponses reçues à ce jour.
- 6 lettres types dans le style "nous vous remercions...malheureusement... bonne chance...distinguées."
- 3 lettres que j'appellerai les "oui mais non" plus vexantes que motivantes qui vous disent qu'ils ont déjà beaucoup de difficultés à publier leurs coups de coeur alors c'est pas pour publier des écrits vains.
- 4 lettres "voie de garage" du genre "vous vous êtes trompée de crémerie".
- 2 lettres sincères et rigoureuses où l'on sent bien que le comité de lecture à mouillé la chemise en lisant mon manuscrit (autant les citer, il s'agit des Editions Robert Laffont et du Dilettante).
On peut donc conclure que seulement 12% des éditeurs prennent la peine de lire les manuscrits qu'on leur envoie ou alors que 12% des comités de lecture prennent le temps de répondre de façon individuelle à chaque postulant.
Sachant que 9 manuscrits sur 10 sont refusés, on peut bien entendu imaginer la somme de travail que cela représente en terme de secrétariat mais qu'elle goutte d'eau financière comparée aux 1 million d'euros investi par Fayard pour soutirer Houellebecq à Flammarion!
Toutes ces réponses n'ont malgré tout pas réussi à me convaincre d'arrêter ma démarche d'aspirante romancière!
Le magazine Marie-Claire lance ces jours-ci un grand concours littéraire et, heureux hasard, le thème du manuscrit à leur adresser est exactement celui du mien! J'espère cette fois là ne pas passer inaperçue!
De toutes les manières, le seul mot d'ordre est de continuer à regarder la ligne bleue des Vosges en restant concentrée sur l'objectif. Mon second manuscrit est déjà entamé et j'attaque dans un mois des cours d'écriture en atelier .
Qui a dit que l'espoir faisait vivre?

mercredi, septembre 14, 2005

Cent ans de solitude, un mois de plénitude.


Lire le bon livre au bon endroit, voilà un moment de grace à savourer. C'est toutefois un challenge souvent difficile à tenir. On se retrouve parfois avec une oeuvre, aussi bonne soit-elle, incongrue. J'ai eu cette chance en Equateur d'avoir entre les mains LE livre de la situation.
Avant de partir, j'hésitais entre un Zola ou un Balzac en me disant qu'un bon classique c'est un peu comme choisir son plat préféré au restaurant, sans risque. Et puis ce ara qui me faisait de l'oeil a fini par l'emporter sur les paysages normands façon Monet ou Poussin. J'ai d'ailleurs vu le vol majestueux de cet oiseaux alors que je me trouvais dans une superbe piscine aux portes de l'Amazonie à Puerto Misahualli.
Petit clin d'oeil du destin à une lectrice! Cette histoire picaresque contée par Garcia-Marguez nous ouvre les portes de fabuleux destins d'une même famille sur plus de cent ans. Les Buendia, famille fondatrice du village de Macondo au coeur de la forêt amazonienne, nous offrent le théatre de leurs vies, de leurs espoirs et de leurs deceptions. Comme j'ai aimé lire cette épopée aux accents de magie gitane en sirotant mon Puro (alccol local de canne à sucre pure titrant 60° vendu 1$ le litre) et en grignotant mes bananas fritas picante! J'avais la sensation d'être l'heureuse spectatrice d'une fresque picaresque aux mille couleurs.
La douce torpeur qui règne dans l'Oriente (partie de l'Equateur où se trouve la forêt amazonienne) est parfaitement retranscrite dans ce livre. La moiteur, les cris de bêtes, l'ennui, la lenteur, l'alcool, le retour des instincts bestiaux tout y est et tout me ramène à ce merveilleux voyage que je me prépare à vous conter dans un blog spécial un peu à part de celui-ci que je souhaite réserver à la littérature. Un polytechnicien croisé dans la jungle m'a dit en voyant mon livre à la main (on fait de ces rencontres parfois!) que c'était bien là le seul bon livre de Gabriel Garcia-Marquez. Que toutes ses autres oeuvres, n'étaient que l'embryon ou la redite maigrelette de son principal écrit. Il faudra vérifier cela et à l'occasion lui rendre justice. Je m'en charge bien volontiers. En attendant, je me lance à pas comptés dans la découverte des ouvrages de la rentrée littéraire. A moi les Nothomb et autres Dantec, Houelbecq et Jardins si ma bibliothèque a pensé à vous, sans quoi je passerai mon chemin. C'est qu'y a les impôts pis les fonciers et tellement d'autres livres à lire dans ma bibliothèque!

mercredi, septembre 07, 2005

Il fallait bien rentrer !



Ah! les vacances c'est fini... Ne restent que les souvenirs et un léger oscillement dans l'allure dû au tangage du bateau. Cela me donne un côté vieux loup de mer fort apprécié de mes collègues de bureau. Ne manque que le bonnet rouge pour être au top et un vol de pélican au-dessus de ma tête.

Tout mon voyage vous sera conté dans le détail dès que le temps me le permettra.

Le décalage horaire n'aidant en rien ma rémission j'espère pouvoir redevenir moi même d'ici ce week-end. Un grand merci aux grand-frères pour leurs nombreux messages de soutien ! Quand on sort de la jungle après plusieurs jours c'est fou ce qu'on peut être heureux de savoir que quelques précieuses personnes pensent à vous!

jeudi, août 04, 2005

Qui veut voyager loin ne ménage pas ses peurs...

Elle est pas belle la vie ? Ben, c'est à dire qu'à sept jours de partir pour l'Equateur je me dis surtout qu'il faut être un peu con pour se jeter tête baissée dans tout ce qu'on déteste le plus au monde à savoir : les grosses bêtes qui font peur, les peuplades indigènes sans manières, la salubrité à faire damner un inspecteur Hygiène et Sécurité, la plus haute densité de chauffards au centimètre carré, une gastronomie proche de celle de l'Aveyron, absence totale de vin ou de breuvages délicats (au choix Aguardiente titrant 80° ou bière Ecuador à la pisse de lama), le reste est à découvrir... Etant donné que je quitte ce monde High Tech pour rejoindre l'univers Low Bricolo il va sans dire que mon Blog risque de se déssécher jusqu'à mon retour (si toutefois je retrouve la sortie) la semaine du 5 septembre 2005.

En attendant, mon absence ne doit surtout pas vous priver de commentaires. Cela me fera tellement plaisir de vous imaginer m'envoyer des posts alors que je serais en train de manger du bout des lèvres des fourmies citron ou un pauvre petit cochon d'inde sans défense. Si toutefois, vous constatez que la date du 5 septembre est largement dépassée et que mon blog en est resté là, je vous remercie au nom de la confraternelle des bloggeurs civilisés et à vous mes frères ainés Saoul-Fifre et Tant-Bourrin, de bien vouloir envoyer vos dons à :

CCP amicale des FARCS n° 137854449888333. Banque centrale de Médeline code Swift 537.

Votre générosité saura être récompensée à sa juste valeur.

Voilà, il est l'heure de se quitter, j'ai encore tout mon linge à vaporiser de répulsif avant de boucler le sac à dos et avec un masque à gaz et des gants c'est pas pratique...



vendredi, juillet 29, 2005

Paranouilla et tutti quanti


Les problèmes de sociétés sont comme autant de phénomènes de modes. Rappellez-vous des faits divers sur les tournantes qui peuplaient nos quotidiens et nos reportages télé il y a quelques mois. Bizarement on n'en parle dejà plus. Les tournantes auraient disparu avec la tendance espadrille de l'année dernière? On n'ose y croire...
Puis ce fut le tour de la schizophrénie de devenir hyper tendance. Les hopitaux psychiatriques semblaient peuplés de barjots sanguinaires comme si ils s'étaient reproduits entre eux ou bien qu'ils avaient tous suivi le même engouement pour le crime gratuit. Hyper fashion les schizo! Et puis pouf abracadabra les toqués du bocal parti avec l'eau du bain pour laisser place à la PARANOÏA. Super les paranos! En plus là c'est légal voire même hautement conseillé afin d'être trendy en société.
Vous pouvez bassiner les lecteurs avec vos angoisses à deux dragmes cinquante comme notre amie Sylvie Testud, obtenir le Big Brother Awards comme le très méché Ministre Philippe Doutes Blazés ou encore jouer à donf l'intelligentsia parisienne en achetant le numéro de Juillet du Magazine Littéraire. Vous surferez sur la vague du vogue à l'âme et ferez des envieux.
Et oui tout fout le camp ma brave dame. On nous dépossède de tout! Nos défauts intimes sont mis à l'honneur et jetés en pature aux médias. Bientôt qu'on nous encouragerait à consulter des spécialistes si on arrive toujours pas à se sentir concerné. Le normal devient l'anormal.
Dernier rempart à la connerie : on vient de refuser à Guy Georges le droit de vendre ses mémoires à une maison d'édition. Sur que les éditeurs lui feront plus de courbettes qu'à moi...
Après on parlera des problèmes de reinsertion des criminels.. Ah je vous jure!
Comme on dit dans ma verte Normandie : "Chacun dans son pré, les vaches seront bien gardées!" Julie qui s'en dedit!!

mercredi, juillet 27, 2005

C'était l'année des C pour les chiens

L'un ou l'une d'entre vous me souffle gentiment à l'oreille de donner ici quelques passages de mon fameux ou plutôt fumeux roman qui visiblement n'engendre pas pour l'instant les hourras hip hip hip tant attendu auprès des éditeurs parisiens.
C'est un risque que je prends et après tout votre avis en la matière compte beaucoup pour moi puisqu'il s'agit de l'avis du lecteur et c'est bien là l'essentiel. Ma grande question après "Dieu existe t'il?" et "A quoi ça sert la vie?" c'est "Ai-je un lectorat à défaut d'avoir un éditeur?". Je vous en laisse seul juge.
Le titre du roman est "C'était l'année des C pour les chiens" et j'avais choisi la photo de ce dalmatien assez représentatif du roman pour en faire la couverture. Allez c'est parti !
"(...) Après avoir adressé quelques candidatures spontanées à l’aveuglette, je reçus une réponse et une seule de la part d’une maison d’édition multidisciplinaire. J’y arrivais donc au printemps pour y revêtir l'inéluctable statut de stagiaire. J’assistais l’assistante du service de presse, qui elle-même assistait deux attachées de presse qui assistaient une foultitude d’auteurs en détresse affective. La jeune femme était plaisante, jolie, pleine d’énergie et toujours prête à me livrer malheurs intimes et conflits professionnels. Quand elle avait choisi son heure de confession elle s’entortillait avec maniaquerie autour de l’index un cheveux patiemment choisi, qu’elle finissait toujours par arracher d’un coup sec notifiant ainsi la fin de la conversation. Elle auscultait en sourcillant le fruit de sa capture d’un œil inquisiteur. De la taille du bulbe ainsi obtenu, dépendait son humeur de la journée.
Dans mon dictionnaire, ils appellent ça de la trichotillomanie.
Avec ça ils disent qu’elle appartient à un groupe fermé qu’ils surnomment les Borderlines.

Ça en fait des mots corrects et ronflants derrières lesquels on peut s’adosser !
Avec autant de références, je me sentais flattée par ses égards, et me lovais sans trop d’effort dans le rôle de confidente. J’étais le premier récipiendaire de ses angoisses, elle venait régulièrement se décharger sur moi puis partait soulagée, le visage apaisé redevenu souriant.
J’aimais bien me mettre de cette façon au service des autres.
J’avais l’impression de servir à quelque chose de bien, d’accéder même à une dimension religieuse qui me plaçait au-dessus du lot. Je confondais béatifier et bêtifier, comme quoi c’est dingue la langue française. Ça vous ferait prendre vos vessies pour des lanternes à une lettre près. Comme quoi un bon dico c’est autant d’expériences acquises sans les avoir vécues.
Les gens disaient d’elle qu’elle avait les dents si longues qu’elles en raillaient le parquet.
Ne connaissant pas l’expression, j’avais aussitôt eu recours à mon recueil de mots rangés par ordre alphabétique.
Railler : Se moquer, tourner en ridicule.
Parquet : 1. Assemblage de planches 2. Ensemble des magistrats qui exercent les fonctions du ministère public.
La locution restait quand même fort mystérieuse. Se moquer de planches de bois ou tourner en dérision un lot de fonctionnaires tout ça avec les dents ça sentait l’énigme insoluble un peu comme le « poteau rose » ou « rendre l’appareil ».
Tout cela lui conférait une strate supplémentaire à son aura naturelle.
Mon stage était prévu pour trois mois et, n’étant pas rémunérée, j’avais obtenu le droit d’acquérir gracieusement un livre par mois travaillé. Le premier qui me fut offert, sans qu’aucun choix de ma part n’ait pu s’exercer, racontait la sombre histoire d’une prostituée lesbienne contrainte de vendre son corps à des marins grévistes pour offrir une opération de la cataracte à sa mère.
J’ai conservé ce livre comme cale pied bien pratique de ma table de nuit, c’est un peu comme qui dirait mon livre de chevet..."



vendredi, juillet 22, 2005

Retour de l'enfant prodigue

Je sais, j'ai dis beaucoup de mal de Marc Lévy et encore je trouve que je suis plutôt restée sur la réserve à bien y regarder. Il reste vrai que j'ai tout de même conchié cet auteur et par là même son éditeur, coupable de répandre l'inculture autour de lui et maintenant mondialement par l'entremise de notre ami américain Steven Spielberg.
Malgré cela Robert* ne m'en a pas tenu rigueur.
Après lui avoir envoyé mon manuscrit, j'ai reçu de lui une jolie lettre:
"Votre manuscrit fait preuve d'un ton certain, d'un sens de l'humour et d'une légèreté qui donne envie de vous lire cependant les rebondissements ne se justifient pas et le lien qui les unit n'est pas très manifeste c'est pourquoi nous n'avons pas pu prendre une décision positive à votre égard..."
Remontée par ce que m'avait dit ma consoeur de blog Clairwitch au sujet des réponses des éditeurs comme quoi je devais arrêter de me lamenter et plutôt m'estimer heureuse d'avoir des réponses formulées et non des lettres types, j'ai acceuilli cette missive comme un cadeaux presque un pardon de la part de Robert* qui en bon gars a balayé tous mes vilipendages sur son auteur fétiche.
Toutefois, ça fait quand même un peu mal d'entendre parler de "rebondissements qui ne se justifient pas" surtout quand on a pris sur soi pour lire "Et si c'était vrai" et que l'évidence vous crève les yeux à coup de cutter. Il existe visiblement des définitions très différentes du mot "rebondissement" mais bon je vais pas faire ma relou puisque tout ça me permet de dire que et bien non, Marc Lévy et moi ne faisons pas parti du même monde, nous n'avons pas le même éditeur, ni le même dictionnaire personnel et ça, avant de partir en vacances, c'est toujours bien de remettre les choses à plat pour partir d'un bon pied.
Blague à part, un grand merci au service des manuscrits qui prend la peine de répondre à chacun pour nous permettre de progresser et continuer d'espèrer.

*Robert Laffont (ndlr)

mardi, juillet 12, 2005

Lecture de Toussaint

Avec un prénom pareil, on s'attend à avoir la frite, et à faire tourner les serviettes et puis, on se retrouve avec un texte sans fioritures où la douloureuse question de la mort de l'autre y est abordée de diverses manières. Le contraste entre cette écriture épurée jamais hurlante et l'horreur du deuil de l'être aimé : grand-mère, parents, frère, petit et petite ami(e), vous glace et marque un moment de rupture avec son quotidien. On se retrouve là dans la chaleur de juillet avec un livre couleur d'automne à la frontière entre la mort et le désir de survie. L'histoire de Mikage déjà orpheline, perdant son ultime repère, sa grand-mère, se retrouvant hébérgée chez Yûichi orphelin de mère nous montre que la vie de chacun est faite de parenthèses, de petits moments de bonheur simple et de grands épisodes de solitude amère. C'est beau, jamais triste.
Banana Yoshimoto ne tire jamais trop sur la cordelette des larmes et laisse délicatement entrevoir que peut-être, si on le veux vraiment, la vie est toujours là, suspendue à un fil auquel il sera toujours possible à tout moment de se raccrocher.
Un bon outil anticanicule qui rafraichit et remet les idées en place.

jeudi, juin 30, 2005

Floride : 1 - Californie : 0


Quelles différences existe-t'il entre Miami et San Francisco ?
Autant qu'entre Dunkerque et Loon-plage me direz-vous?
C'est exact mais ce serait ignorer quantité de particularités propres à chacun de ces états :
Nombre de hippies au mètre carré, cable cars, collines, 49ers et Dolphins, ponts supendus, quantité de boîtes gays ?
Il y a bien quelques points de dissension mais la plus belle et plus flagrante différence réside dans la qualité de ses chroniqueurs.
A l'ouest, Armistead Maupin chroniqueur du San Francisco Chronicle. A l'est, Dave Barry chroniqueur du Miami Herald.
A ma gauche, un écrivain tête de gondole à la FENAC pour qui on écrit en quatrième de couv' qu'il s'agit d'un "livre culte". A ma droite, le prix Pullitzer 1988, inconnu en France, publié chez Pocket, rayon jeunes adultes, bien rangé entre "Si c'était vrai" de mon ami Marc Levy et les derniers ragots de Jean-Claude Brialy. Bref, une serviette abandonnée en pays torchons.
Vous hésitiez justement à emmener les 5 volumes de Maupin consacrés à la delictueuse Frisco sur la plage des Dames à Noirmoutier?
Vous vouliez jouer l'intello qui se détend les neurones entre un tube de crème titrant SPF 15 et un panbagna sauce crevettes sans pour autant vous fourvoyer en lisant le dernier opus de Paris Hilton?
Et bien, une fois de plus, je vous économise du temps, de l'energie, de la place dans votre Delsey et de l'argent.
Si il n'y a qu'un seul livre cet été c'est"Gros Problème" de Dave Barry et rien d'autre.
Un "Gros problème" pour une Grande solution.
Du pragmatisme me demandez-vous? Y a pas de mal.
Maupin écrit comme un pied. Je me suis surprise à maintes reprises à hausser les sourcils tout en affaissant ma bouche (signe d'étonnement et de mépris).Maupin nous ballade dans San Francisco et en même temps on ne voit rien de la ville sinon ses clubs et saunas branchouilles, ses personnages entremèlent leur vie et parfois leurs corps comme dans un mauvais Lelouch (ou devrais-je dire comme dans un Lelouch).
Tout juste bon à lire pour quelques pucelles isolées en pays Creusois pour qui le rêve américain veut encore dire quelque chose.
En même temps c'est un bon condensé des bonnes vieilles blagues d'antan qui, sans Maupin, auraient pu tout à fait tomber en desuétude.
Rien à rajouter.
Par contre Dave Barry ! Vous l'aurez compris, je le place à la droite de Gary Larson dans mon coeur. Ce type est drôle et brillant et dépeint comme nul autre humoriste les travers de l'américain moyen cranant dans sa KIA en plastique.
Qui mieux que lui peut faire mouche à chaque phrase? Son roman est abracadabrant et je ressens mille fois mieux l'ambiance Red neck du bayou que celle de l'Up town New Age de San Francisco.
Alors cet été, un conseil soyez plus bandanas que string en macramé.

mardi, juin 28, 2005

Dédicassepieds !


Arpentant (comme à mon habitude les jours de RTT) les allées de la FNAC, je fus saisie brutalement d'un doute absurde.
Pourquoi ne suis-je pas dans cette queue serpentant entre les livres?
Il y avait en effet, aujourd'hui autour de 16h30, une file indienne d'une cinquantaine de mètres, composée d'hommes et de femmes manifestement là pour la même cause.
Ma parano l'emporte et je me dis :
" Tiens, une séance de dédicace ou une rencontre d'auteur et je ne suis pas au courant?"
Je ressens alors ce que peux ressentir le vacancier roulant sur une autoroute fluide alors qu'en face les bouchons se profilent à perte de vue... Là, on doute, on se dit que c'est pas normal, qu'on est a contresens un peu comme si on était sorti du trait en faisant son coloriage.
Visiblement, j'étais la seule à avoir décidé ce jour, cette heure, de venir acheter le fameux dictionnaire des injures du nom moins déléctable Robert Edouard tandis qu'un nombre non négligeable d'accros s'étaient passés le mot pour venir à la FNAC des Ternes rencontrer leur idole.
C'est là que, poussée par mon irrévocable curiosité, j'aperçois la coupe sentier de mon ami Marc Lévy.
Marc Lévy dédicaçant son dernier livre "Vous revoir".
Moi, j'aurais plutot du mal à "vous relire" cher Marc!
Non, je plaisante, j'aime beaucoup Marc Lévy et son petit air de Bouvier des Flandres privé de joujou et de susuc.
La preuve par neuf ?
Je ne me suis même pas servie de mon tout nouveau dictionnaire pour lui lancer une petite vanne!
Exemple page 494 :
"Va donc, eh, vomissure! " Se dit dans le même sens que crachat à un individu qu'on ne peut pas digérer, qui nous "sort par les yeux" que l'on rejette, que l'on vomit... Riposte classique :
"Avant de me vomir, essaie donc de me bouffer, toi qui as une si grande gueule!"

A bon entendeur salut !

jeudi, juin 23, 2005

Coup bas II. Le retour

Je ne sais plus quel savant écrivain ou scientifique de renom avait sorti un jour que le hasard n'existait pas ? Belle trouvaille qui n'est pas faite pour rassérener ma parano légendaire. Et oui, pour tout vous dire (mais allez vous seulement me croire ?), aujourd'hui j'ai reçu de nouveau la réponse d'un éditeur.
Négative, cela va sans dire...
Vous ne devinez pas le nom de cet éditeur?..
Allons, un petit effort ! Pour trouver la réponse c'est simple. Ceux d'entre vous qui ont lu mon article sur Lolita Pille et la réponse de Grasset qui s'en suivie vont faire tilt tout en se disant "Bon sang, c'est pas possible!!"
Et bien oui, c'est possible. Tristement possible et je n'y vois là aucun fait du hasard.
Après avoir un peu brocardé Ana Gavalda, son éditeur Le Dilettante répond aujourd'hui à mon manuscrit en ces termes :
"Nous n'avons pas été sensibles à votre ton qui se veut caustique et drôle mais reste sans effets. Les poncifs rendent la mécanique trop voyante et on ne marche pas..."
Cette fois, c'est signé : Alain Bastier (sans doute un sado maso à tendance suicidaire).
Alors, voilà, le hasard n'existant pas que dois-je conclure de cette douloureuse situation?

1- Que je ne dois critiquer que les auteurs dont les éditeurs ne figurent pas dans ma liste (pense bête: lire le livre de Jean-Pierre Foucault aux Editons N°1 et ne pas manquer d'en faire une critique. Lire le petit Robert et tous les livres d'art de chez Taschen. Conséquences : immunité éditoriale)
2- Que les éditeurs parisiens ont une balance chargée de détecter les blogs véhéments à leur encontre?
3- Qu'il faudrait que j'arrête d'écrire ?

Quel sadisme quand même de me dire à moi qui me raccroche à la dérision comme un alpiniste à son piolet que mon humour est aussi drôle et profond qu'une blague carambar!
Ah Alain, tu me deçois toi aussi mais vas (je ne te hais point) rejoindre Bernard dans la gêole de mes acidités gastriques. La place y est chaude et toute aussi acceuillante que ta missive sans coeur.

mardi, juin 21, 2005

Guillontinez-le !

L'impétuosité n'a pas que du bon et l'arrogance ne scie bien qu'à ceux qui la maitrisent à bon escient. Stéphane Guillon n'a guère que le talent du charognard.
Ce collabo de l'audimat se sert des miettes des autres pour en faire sa ripaille.
Tout cela n'intéresse que lui et quelques persifleurs sans envergure.
Grand bien leur fasse. En tout cas je ne participerai certes pas à enrichir les bancs des spectateurs de son nouveau spectacle qui, entre nous soit dit, est bradé sur billetreduc depuis 15 jours. Les diatribes ça s'apprécie mieux en salle d'attente en lisant Voici qu'en deboursant 24 euros pour assister au maniement du vitriol par un amateur.
S'il voit ça, Desproges doit avoir des envies de vengeance...

Crache la ta Gavalda !

Il est de certains livres comme de certaines grosses productions américaines. On se dit que non, non, non on ne vous y prendra pas à débourser 10 euros pour aller vous compromettre dans cette pompe à fric denuée d'interêt culturel. De la soupe, comme on dirait vulgairement.
C'est, je dois l'avouer, un peu ce que je ressentais vis à vis d'Anna Gavalda.
Je me disais, tiens, encore une romancière de gare. Une pondeuse de bouquin pour tenir la distance Paris St Lazare-Gisors en micheline.
J'ai freiné des quatre fers (c'est le cas de le dire) pendant sacrement longtemps.
J'ai sans sourciller laissé paraître chacun de ses romans aux éditions J'ai Lu, pas par soucis d'économie, juste parce que j'en avais fichtrement rien à faire. Et puis, un drôle de jour, parcourant les allées alléchantes de la Fnac, je la vois qui me nargue avec ses couvertures de hall de gares.
Ca tombait mal, je n'avais ni train, ni avion à prendre... Cependant, la conscience est traitre à ses heures, elle m'a laché ce jour là me laissant m'emparer de ces 2 bouquins.
Comme on se retrouve à acheter des préservatifs en pharmacie, je passais à la caisse avec le rouge aux joues, l'air assez vaguement détaché ...
J'ai commençé par lire "Je l'aimais". Je l'ai pas aimé dutout.
J'ai découvert, un auteur qui arrive à sortir un détail, une anecdote d'une vie (aussi douleureux soit-il) pour en faire un roman. C'est assez reussi à ce titre mais qu'est-ce-qu'on s'y ennuie!
Cette femme largué par son mari, qui se retrouve avec son beau-père pour ressasser des souvenirs périmés moi, ça me colle le moral dans les Converse et en plus ça ne m'interesse pas.
Autant vous dire que cela m'a conforté dans mon idée de la Gavalda de pacotille...
Et puis, pour enfoncer le clou, je me suis mise à lire son recueil de nouvelles "J'aimerais que quelqu'un m'attende quelque part".
J'aime assez les titres à rallonge.
Dejà toute petite, je voulais à tout prix lire le roman de Perec intitulé "Quel petit vélo rouge à guidon chromé au fond de la cour ?"...
Et bien ma théorie est que les titres à rallonge sont de bon augure, ils présagent d'une bonne et sereine lecture.
Moi qui voyais les nouvelles comme des romans avortés, je dois bien avouer qu'elle m'a bluffé la Gavalda.
Je me suis prise d'affection pour cette grande fille toute simple mais pétrie de talent.
Ces nouvelles m'ont replongé dans mon enfance provinciale avec les nanars du cru, les ambiances de village et les qu'en dira t'on. Quel humour, quelle maitrise de la langue et du style. Elle m'a conquis. Tout bonnement emballé.
Serait-elle plus douée pour les nouvelles que pour les romans? Pour vous le dire et affiner ma théorie, il faudrait que je mette à lire son dernier roman "Ensemble, c'est tout". Pour le coup on passe de 224 pages à 608 et je ne peut pas dire si il y a eu du delayage dans l'air.
En attendant, je suis bien heureuse d'avoir en coup de coeur cette grande blonde.
Et si j'avais un problème avec les écrivaines brunes ?...

samedi, juin 18, 2005

Mega Bookcrossing à Paris !!

Aujourd'hui samedi 18 juin à partir de 16h00, les fans de littérature et nostalgiques de la chasse au trésor sont invités à venir au Parc Montsouris dans le 14ème afin de se lancer dans l'aventure du bookcrossing. Quesaquo me direz vous ?
C'est simple: l'idée nous vient des States (pour une fois un effet non pervers de la mondialisation).
Vous êtes désireux de faire partager votre goût pour la littérature mais vos amis, collègues de bureau, parents sont absorbés par des taches moins nobles (visionage de la Ferme célébritées, écoutage des grosses têtes, ménage, sieste, bricolage etc). Vous êtes là avec vos petits livres et votre envie toute seule.
Le bout du tunnel n'est pas loin. Vous allez vous inscrire sur le site américain http://www.bookcrossing.com (c'est gratuit et vraiment facile).
Après, vous choisissez un livre dans votre bibliothèque. Un livre que vous êtes psychologiquement prêt à affranchir. Vous l'enregistrez sur le site, on vous donne un numéro que vous devrez inscrire sur le livre.
Vous pouvez mettre un petit mot d'accompagnement du type " j'ai bien aimé ce bouquin, vous pouvez aller sur le site truc machin puis donner le numéro de référence de ce livre qui est le xxxx et me donner vos impressions de lecteur. blablablabla..."
Vous le lachez dans la nature, par exemple à l'occasion d'un megabookcrossing comme aujourd'hui.
Soyez ingénieux mais ne l'enfouissez pas non plus dans une poubelle...
Vous guettez, l'air de rien. Après quelques temps (que je ne vous souhaite pas trop long) une personne trouvera votre livre et qui sait partira avec vers des contrées lointaines. C'est un échange anonyme et sympathique.
Ce qui est drôle c'est de voir après coup (le site servira de GPS) où est parti votre livre dont le destin maintenant sera de passer de mains inconnues en mains inconnues.
Alors à tout à l'heure Parc Montsouris, 16h00!

mercredi, juin 15, 2005

La véritable raison de l'extinction des dinosaures

Et oui, je sais bien, cela fait plusieurs jours que je n'écris plus de critique de livre et c'est juste par faute de temps. En attendant mon prochain post, je me permets de vous faire découvrir le plus grand humoriste du monde à mes yeux, j'ai nommé le célèbre Gary Larson.

Si certains ont des inédits dans leurs tiroirs, je les incite à me les faire partager. Pendant ce temps, je file chez Bernard Grasset, pas pour lui toucher deux mots de ma déception (bien que le coeur m'en dit) mais juste pour récupérer mon manuscrit (il manquerait plus que cela lui serve de petits bois pour l'hiver).
Je tacherai de rester digne même si je sents par avance mes baskets retrecir et mon poul s'accélérer.
Bonne journée!

vendredi, juin 10, 2005

Bon week-end !

Même les plus accros au travail on le droit de faire une pause.

jeudi, juin 09, 2005

Première Ligne, premier bonheur

Vous qui êtes des lecteurs assidus, papivores bibliophiles soignant leurs maux avec les mots des autres, vous comprendrez sans heurts l'immense joie que représente la découverte d'un nouvel écrivain de talent. C'est avec voracité que l'on se goinfre du talent de l'autre. On guette, le crayon à la main afin de souligner la phrase, le mot, le passage qui nous touche et qu'on aimerait dans nos rêves pouvoir se souvenir pour toujours. On se sent compris, entendu dans notre solitude de lecteur. On est comme l'enfant qui vient de rencontrer un tout nouveau copain et qui sait intimement que cette amitié là va compter dans sa vie.
Jean-Marie Laclavetine: son nom chantonne comme un guilleret petit ruisseau mais il est natif de la Garonne, fleuve ronflant et gouleyant.
Laclavetine: Quel drôle de nom? Est-ce une clavicule ou un tocsin, une comptine ou un clavecin? Non, non c'est un savoureux moustachu d'Aquitaine, écrivain attachant et qui plus est membre du comité de lecture des Editions Gallimard.
Oui, oui je sais, vous me voyez venir avec mes sabots dondaine oh! oh! oh! avec mes sabots!!
Ben oui, je l'avoue, j'ai adressé mon manuscrit à ce monsieur mais c'etait juste avant de découvrir son roman "Première Ligne".
Je m'étais dit en brave fille pétrie d'optimisme, que si toutefois Monsieur Laclavetine selectionnait mon roman et si d'aventure il était amené à me convoquer, il était assez judicieux de ma part d'avoir en mémoire au moins une de ses oeuvres.
Alors, le brave petit soldat que je suis s'est executé et vas y que je file à la bibliothèque, rayon L, série LAC, il m'attendait les pages tendus vers moi "Première Ligne".
Sortant fraichement du roman de Lolita Pille, je me suis dit "tiens, encore un roman sur la drogue".
Heureusement, il n'en fut rien mais je pris comme un message divin la teneur de ce roman.
Dès la dédicace, le décor est planté : "Aux écrivains anonymes"
Il me parle, il m'a reconnu! Ouh ouh Jean-Marie, je suis là, mais si là derrière ta pile de manuscrit! C'est moi Chutney! Mais si boudiou, Chutney, 1973, rue Soufflot!
Bon, visiblement, c'est pas encore ça!
Au fil de la lecture, je me sens démasqué par l'auteur. L'histoire est celle d'un éditeur Cyril Cordouan fatigué de recevoir des manuscrits débiles d'écriveurs analphabètes. Un beau et surtout triste jour, un de ces auteurs maudits vient le trouver à son bureau et apprend par l'éditeur que son manuscrit est une daube et qu'il ne sera jamais publié.Désemparé, l'auteur anonyme sort une arme et se tire une balle dans la tête devant l'éditeur médusé.
Cordouan décide alors de monter le club des auteurs anonymes (Les A. A) afin de les faire renoncer à l'écriture, pour qu'ils se desintoxiquent de cette drogue dure.
Dans cette quête de purification, il trompera sa femme, sera lui même cocufié et finira par publier les torchons puerils qu'il avait toujours repoussé.
On referme le livre, en se disant qu'on a fait là une bien belle découverte. Quelle plume, quelle intelligence, quelle finesse, les mots me manquent pourtant c'est pas mon genre de manquer d'arguments!
En tant qu'écriveur moi même, Laclavetine me donne à apprendre l'humilité et que c'est beau quand il dit : "Ecrire n'est rien, j'ai essayé. Mais vivre?"

lundi, juin 06, 2005

Coup bas


O rage, ô désespoir je viens de recevoir aujourd'hui ma toute première lettre de refus d'un éditeur.
Premier d'une longue liste (18 manuscrits envoyés). La désillusion ne m'a cependant pas encore atteint car savez-vous de chez qui vient cet honteux refus ? De Bernard Grasset himself ! Il a dû tomber l'autre soir sur mon blog, voir ma critique acerbe du dernier roman de Lolita Pille et du coup me sanctionner sévèrement au risque de perdre un gros filon. Sacré Bernard, c'est pas beau la rancune !! Ca peut faire perdre beaucoup de sous. Mais oh ça non, je ne reviendrai pas sur ce que j'ai écrit! Tu peux bien me faire miroiter un contrat plaqué or, je ne cèderai pas ! Après tout, un éditeur qui publie Lolita Pille ne peut décemment pas avoir les idées claires.
En plus, qu'est ce que c'est que cette lettre de la Direction Littéraire ? Même pas le courage de signer nommement ? Ben quoi t'as peur qu'on vienne te casser la goule à la sortie?
On m'y annonce sans délicatesse ceci :

"Notre capacité d'acceuil en matière de fiction française est trop limitée pour que nous ne nous concentrions pas exclusivement sur les textes qui nous enthousiasment par leur force, leur originalité, leur style. En toute franchise, nous n'avons pas ressenti cet élan dans le cas présent."

En d'autres termes :
"On a dejà du mal à faire pondre Lolita Pille, la femme de Patrick Bruel, Frédéric Beigbeder et Gonzague Saint Bris, c'est pas pour publier un vieux poulet de batterie même pas introduit dans le milieu".
Ok mon petit gars, je baisse pavillon mais tu viendras pas pleurer quand je serai éditée chez ton principal concurrent pendant que tu te taperas le enième navets de Mademoiselle Pille.
Je fais ici la promesse solennelle de refuser tes avances si un beau jour tu veux me détourner de mon éditeur principal ! (enfin tout dépend du tarif, je ne suis pas butée, on peut discuter...)
Enfin, voila mon Vietnam à moi, devenir écrivain à succès !
Et comme dans toute guerre, y a des fois c'est pas juste.
Sans rancune Bernard mais pas merci Bernard non plus!

Et si c'était pas vrai ?


La curiosité est un vilain défaut dit-on. On devrait s'en souvenir plus souvent surtout quand au détour du kiosque d'un libraire on tombe en pamoison devant une couverture de magazine représentant son idole.
En l'occurrence Romain Gary, mon écrivain adulé, the number one on my private list.
Alors là je m'écrie, je m'insurge : quoi, comment, personne ne m'a prévenu de cette parution insensée ! Comme si mon statut de fan devait me donner le privilège d'être tenu au courant de tout ce qui peu ou prou sort dans la presse et ressemble de près ou de loin à du Gary... On peut toujours rêver, c'est pas interdit.
Là, à cet instant précis, la fièvre de l'achat concurence la simple curiosité et pouf voilà comment on se retrouve à lire l'impensable :
Page 16 : Marc Lévy parle de Romain Gary
Alors là, les bras m'en tombent, je les ramasse et pars me jeter dans la seine. Pas d'autre issue, on vient visiblement d'arriver au niveau zéro de la foir'fouille rayon torchons et serviettes.
Autant demander à Jordy ce qu'il pense de la neuvième symphonie opus 125 en ré mineur de Ludwig von Beethoven.
Alors, comme pour se justifier l'écriveur apprenti journaliste met dans son chapo " Marc Lévy, vilipendé par la presse littéraire gnagngagnga comme Gary lui aussi souvent méprisé par les critiques autorisés de son temps..."
A quand deux prix Goncourt pour Marc Lévy et la légion d'horreur ?
Si les deux ont été vilipendés par la presse, j'en connais au moins un qui l'a pas volé mais bon attention car il y a revirement de situation.
Je commence à lire l'interview en me disant que le titre de la une est plus que prémonitoire "Romain Gary pas
mort!" ouai mon gars mais là c'est bon, grace à toi si toutefois il etait pas encore tout à fait refroidi ben là tu viens de lui donner le coup de grace.
Et bien, au fur et à mesure de ma lecture, je réalise non sans surprise que les questions du journaliste sont beaucoup plus stupides que les réponses de Marc Lévy mais à un point mes aieux qu'on se dit que c'est pas possible de filer la carte de presse à des nains de jardin pareils non mais dites donc!
La preuve ? C'est même pas signé. Ca se trouve c'est Marc Lévy qui s'est posé des questions cons pour avoir l'air intelligent dans ses réponses!
Des exemples, des exemples, des exemples!
OK, je vous dois bien ça !
"Quels étaient les lecteurs de Gary autour de vous ?" (Ben y avait bien mon cousin Gaston et pis l'entrepeneur de pompes funèbres qui lisait sans cesse "la vie devant soi", pauv' nase !!)
Une autre, une autre ! Bande de gros gourmands !
"S'il y a une femme entre toutes dans la vie de Gary est-ce bien sa mère ?" ( psychologie de Monoprix!)
"Comment avez-vous perçu Gary ? Un auteur russe? Le mari de Jean Seberg?" (comme un écrivain qui préférerait continuer à être méprisé par la presse que de se retrouver impliqué dans ce genre de torchonnade à 4,50 euros). Ca fait cher la crotte!
Amis poètes, fans de Gary, redressons la tête "Gary outragé! Gary brisé! Gary martyrisé! mais Gary libéré!

dimanche, juin 05, 2005

Lolita Pille ou Face de Rat


Bon ok je vous l'accorde, je m'étais fait emballer comme un jambon sous vide par son premier roman "Hell". Le charme du débutant, un livre étonnant pour une nénette Germanopratine. Je l'a vois une fois chez Ardisson avec son look faussement decontracté dans le genre "je m'habille chez Zadig et Voltaire pour descendre les poubelles". La mèche rebelle, la moue boudeuse on avait bien l'impression de l'avoir dérangé d'une de ses soirées Hyp. Je m'étais dit qu'elle ne manquait pas de culot de se la péter comme ça vu qu'on est des milliers la langue pendante devant les façades des éditeurs mais bon, un peu d'humilité...
Ma radinerie m'avait recommandé de ne pas acheter son dernier bouquin "Bubble-Gum". Une belle économie qui m'aura permis un placement plus sûr (Adolphe de Benjamin Constant à voir en critique sous peu).
De plus, mon délicat bibliothècaire l'ayant fait acquérir par la mairie de Paris, a permis sans le savoir à bien d'autres que moi d'éviter cet achat sinon inutile en tout cas déplacé. Je m'explique.
Les mauvaises langues disent que c'est Beigbeder qui l'aurait aidé à écrire ce deuxième opus. Je pense plutôt qu'elle est seule responsable de cet embrouillamini à la Bret Easton Ellis en beaucoup plus mauvais.
D'abord, c'est l'histoire d'une pauv' fille qui n'a pas eu la chance de naître à Neuilly mais à plouc ville, à Terminus plus exactement (combien de lignes de coke pour trouver ça?). Elle s'ennuie avec son vieux papa, tenancier d'un bar degeu. Un jour, elle décide de tout plaquer et de monter à la capitale. Elle est belle à crever et rêve de devenir mannequin. Bientôt la désillusion l'entraîne sur la pente savonneuse de la déroute et elle devient serveuse d'un bar ultra tendance et tendancieux. Pour son plus grand malheur, elle rentre dans la vie d'un type multimilliardaire (Derek mais attention pas le Derek de "On a tout essayé "!) qui s'ennuie le pauv' chéri et qui décide de ruiner l'existence de quelqu'un en l'occurrence, celle de notre petite serveuse cagole. Il lui monte un bateau du diable, lui fait croire que peu à peu elle devient une star adulée et pour ça il y met le paquet. Il engage des sosies de comédiens et de mannequins et elle est tellement biturée qu'elle ne se rend compte de rien. Et puis un jour, rideaux, Derek retire tout les décors de papier mâché et abandonne sur le pavé sa copine devenue épouvantail à moineaux. En se réveillant la pauv' fille cherche à comprendre, à retrouver sa vie de paillettes mais progressivement elle croit finalement avoir rêvé sa vie et sombre encore plus profond dans l'alcool et la drogue pour oublier qu'elle croyait s'être droguée. Tout le monde suit? J'en ai perdu en route?
Ce n'est pas grave, une petite ligne et on repart.
Pendant qu'elle est occupée à faire des fellations à de sales types dans un théâtre érotique craspek, Derek fomente d'autres projets. Il voudrait orchestrer la mort de son ex dulcinée.
Mais la cagole n'est pas si bête, elle a l'alcool lucide la demoiselle et elle arrive à déjouer la manigance.
C'est Derek qui paiera les pots cassés de cette histoire mais vu qu'il est milliardaire qui s'en soucie?
Ben voilà, j'espère que vous êtes satisfaits! Je viens au bas mot de vous économiser 3 heures de lecture et peut être même 19 euros.
Allez Lolita, pleurniche pas! Ton prochain livre on n'en dira pas de mal, on ne le lira pas!
A chao

Chutney pris en flagrant delit de glande au boulot.

samedi, juin 04, 2005

Naissance en douceur

OUah ca y est, Chutney se réveille de sa longue léthargie pour vous abreuver de ses sarcasmes et autres délires nombrilistes.
Les aspirations de Chutney sont simples : dormir, lire, écrire, écouter de la bonne musique et aimer son compagnon.
Son ambition numéro un : devenir écrivain.
Son luxe : rêver de tout et fuir autant que faire se peut la froide réalité du quotidien.
Voilà mes petits amis! Tout un programme!
Et si en plus, il y a un bon verre de vin qui traine, Chutney ne sait pas dire non.
Le vice incarné.
Si vous aussi vous rêver d'être édité un beau jour, vous pouvez me confier vos angoisses. J'ai les mêmes alors entre névrosés on peut se comprendre et s'encourager!
Voyons la vie comme un roman!
Biz bye