vendredi, juillet 29, 2005

Paranouilla et tutti quanti


Les problèmes de sociétés sont comme autant de phénomènes de modes. Rappellez-vous des faits divers sur les tournantes qui peuplaient nos quotidiens et nos reportages télé il y a quelques mois. Bizarement on n'en parle dejà plus. Les tournantes auraient disparu avec la tendance espadrille de l'année dernière? On n'ose y croire...
Puis ce fut le tour de la schizophrénie de devenir hyper tendance. Les hopitaux psychiatriques semblaient peuplés de barjots sanguinaires comme si ils s'étaient reproduits entre eux ou bien qu'ils avaient tous suivi le même engouement pour le crime gratuit. Hyper fashion les schizo! Et puis pouf abracadabra les toqués du bocal parti avec l'eau du bain pour laisser place à la PARANOÏA. Super les paranos! En plus là c'est légal voire même hautement conseillé afin d'être trendy en société.
Vous pouvez bassiner les lecteurs avec vos angoisses à deux dragmes cinquante comme notre amie Sylvie Testud, obtenir le Big Brother Awards comme le très méché Ministre Philippe Doutes Blazés ou encore jouer à donf l'intelligentsia parisienne en achetant le numéro de Juillet du Magazine Littéraire. Vous surferez sur la vague du vogue à l'âme et ferez des envieux.
Et oui tout fout le camp ma brave dame. On nous dépossède de tout! Nos défauts intimes sont mis à l'honneur et jetés en pature aux médias. Bientôt qu'on nous encouragerait à consulter des spécialistes si on arrive toujours pas à se sentir concerné. Le normal devient l'anormal.
Dernier rempart à la connerie : on vient de refuser à Guy Georges le droit de vendre ses mémoires à une maison d'édition. Sur que les éditeurs lui feront plus de courbettes qu'à moi...
Après on parlera des problèmes de reinsertion des criminels.. Ah je vous jure!
Comme on dit dans ma verte Normandie : "Chacun dans son pré, les vaches seront bien gardées!" Julie qui s'en dedit!!

mercredi, juillet 27, 2005

C'était l'année des C pour les chiens

L'un ou l'une d'entre vous me souffle gentiment à l'oreille de donner ici quelques passages de mon fameux ou plutôt fumeux roman qui visiblement n'engendre pas pour l'instant les hourras hip hip hip tant attendu auprès des éditeurs parisiens.
C'est un risque que je prends et après tout votre avis en la matière compte beaucoup pour moi puisqu'il s'agit de l'avis du lecteur et c'est bien là l'essentiel. Ma grande question après "Dieu existe t'il?" et "A quoi ça sert la vie?" c'est "Ai-je un lectorat à défaut d'avoir un éditeur?". Je vous en laisse seul juge.
Le titre du roman est "C'était l'année des C pour les chiens" et j'avais choisi la photo de ce dalmatien assez représentatif du roman pour en faire la couverture. Allez c'est parti !
"(...) Après avoir adressé quelques candidatures spontanées à l’aveuglette, je reçus une réponse et une seule de la part d’une maison d’édition multidisciplinaire. J’y arrivais donc au printemps pour y revêtir l'inéluctable statut de stagiaire. J’assistais l’assistante du service de presse, qui elle-même assistait deux attachées de presse qui assistaient une foultitude d’auteurs en détresse affective. La jeune femme était plaisante, jolie, pleine d’énergie et toujours prête à me livrer malheurs intimes et conflits professionnels. Quand elle avait choisi son heure de confession elle s’entortillait avec maniaquerie autour de l’index un cheveux patiemment choisi, qu’elle finissait toujours par arracher d’un coup sec notifiant ainsi la fin de la conversation. Elle auscultait en sourcillant le fruit de sa capture d’un œil inquisiteur. De la taille du bulbe ainsi obtenu, dépendait son humeur de la journée.
Dans mon dictionnaire, ils appellent ça de la trichotillomanie.
Avec ça ils disent qu’elle appartient à un groupe fermé qu’ils surnomment les Borderlines.

Ça en fait des mots corrects et ronflants derrières lesquels on peut s’adosser !
Avec autant de références, je me sentais flattée par ses égards, et me lovais sans trop d’effort dans le rôle de confidente. J’étais le premier récipiendaire de ses angoisses, elle venait régulièrement se décharger sur moi puis partait soulagée, le visage apaisé redevenu souriant.
J’aimais bien me mettre de cette façon au service des autres.
J’avais l’impression de servir à quelque chose de bien, d’accéder même à une dimension religieuse qui me plaçait au-dessus du lot. Je confondais béatifier et bêtifier, comme quoi c’est dingue la langue française. Ça vous ferait prendre vos vessies pour des lanternes à une lettre près. Comme quoi un bon dico c’est autant d’expériences acquises sans les avoir vécues.
Les gens disaient d’elle qu’elle avait les dents si longues qu’elles en raillaient le parquet.
Ne connaissant pas l’expression, j’avais aussitôt eu recours à mon recueil de mots rangés par ordre alphabétique.
Railler : Se moquer, tourner en ridicule.
Parquet : 1. Assemblage de planches 2. Ensemble des magistrats qui exercent les fonctions du ministère public.
La locution restait quand même fort mystérieuse. Se moquer de planches de bois ou tourner en dérision un lot de fonctionnaires tout ça avec les dents ça sentait l’énigme insoluble un peu comme le « poteau rose » ou « rendre l’appareil ».
Tout cela lui conférait une strate supplémentaire à son aura naturelle.
Mon stage était prévu pour trois mois et, n’étant pas rémunérée, j’avais obtenu le droit d’acquérir gracieusement un livre par mois travaillé. Le premier qui me fut offert, sans qu’aucun choix de ma part n’ait pu s’exercer, racontait la sombre histoire d’une prostituée lesbienne contrainte de vendre son corps à des marins grévistes pour offrir une opération de la cataracte à sa mère.
J’ai conservé ce livre comme cale pied bien pratique de ma table de nuit, c’est un peu comme qui dirait mon livre de chevet..."



vendredi, juillet 22, 2005

Retour de l'enfant prodigue

Je sais, j'ai dis beaucoup de mal de Marc Lévy et encore je trouve que je suis plutôt restée sur la réserve à bien y regarder. Il reste vrai que j'ai tout de même conchié cet auteur et par là même son éditeur, coupable de répandre l'inculture autour de lui et maintenant mondialement par l'entremise de notre ami américain Steven Spielberg.
Malgré cela Robert* ne m'en a pas tenu rigueur.
Après lui avoir envoyé mon manuscrit, j'ai reçu de lui une jolie lettre:
"Votre manuscrit fait preuve d'un ton certain, d'un sens de l'humour et d'une légèreté qui donne envie de vous lire cependant les rebondissements ne se justifient pas et le lien qui les unit n'est pas très manifeste c'est pourquoi nous n'avons pas pu prendre une décision positive à votre égard..."
Remontée par ce que m'avait dit ma consoeur de blog Clairwitch au sujet des réponses des éditeurs comme quoi je devais arrêter de me lamenter et plutôt m'estimer heureuse d'avoir des réponses formulées et non des lettres types, j'ai acceuilli cette missive comme un cadeaux presque un pardon de la part de Robert* qui en bon gars a balayé tous mes vilipendages sur son auteur fétiche.
Toutefois, ça fait quand même un peu mal d'entendre parler de "rebondissements qui ne se justifient pas" surtout quand on a pris sur soi pour lire "Et si c'était vrai" et que l'évidence vous crève les yeux à coup de cutter. Il existe visiblement des définitions très différentes du mot "rebondissement" mais bon je vais pas faire ma relou puisque tout ça me permet de dire que et bien non, Marc Lévy et moi ne faisons pas parti du même monde, nous n'avons pas le même éditeur, ni le même dictionnaire personnel et ça, avant de partir en vacances, c'est toujours bien de remettre les choses à plat pour partir d'un bon pied.
Blague à part, un grand merci au service des manuscrits qui prend la peine de répondre à chacun pour nous permettre de progresser et continuer d'espèrer.

*Robert Laffont (ndlr)

mardi, juillet 12, 2005

Lecture de Toussaint

Avec un prénom pareil, on s'attend à avoir la frite, et à faire tourner les serviettes et puis, on se retrouve avec un texte sans fioritures où la douloureuse question de la mort de l'autre y est abordée de diverses manières. Le contraste entre cette écriture épurée jamais hurlante et l'horreur du deuil de l'être aimé : grand-mère, parents, frère, petit et petite ami(e), vous glace et marque un moment de rupture avec son quotidien. On se retrouve là dans la chaleur de juillet avec un livre couleur d'automne à la frontière entre la mort et le désir de survie. L'histoire de Mikage déjà orpheline, perdant son ultime repère, sa grand-mère, se retrouvant hébérgée chez Yûichi orphelin de mère nous montre que la vie de chacun est faite de parenthèses, de petits moments de bonheur simple et de grands épisodes de solitude amère. C'est beau, jamais triste.
Banana Yoshimoto ne tire jamais trop sur la cordelette des larmes et laisse délicatement entrevoir que peut-être, si on le veux vraiment, la vie est toujours là, suspendue à un fil auquel il sera toujours possible à tout moment de se raccrocher.
Un bon outil anticanicule qui rafraichit et remet les idées en place.