Les soldes se terminent et pourtant, pourtant de nombreux écrivains continuent à être réduits, vendus au rabais, bazardés, étiquetés parce que l’humain comme la bêtise à horreur du vide et qu’il faut bien meubler. Parisianiste, germanopratin, animalier, régionaliste ou insulaire on identifie à tout va et on range le tout dans de petits tiroirs d’apothicaire. Et puis on oublie…
Richard Millet fait parti de ceux là, de ceux que l’on a caché derrière une oriflamme limitative. Or Richard Millet n’est pas un écrivain régionaliste. Richard Millet n’est pas un Auteur d’Origine Contrôlée. On ne le trouvera pas classé entre foire aux grattons et festival de l’espadrille de Mauléon car Richard Millet est inclassable bien loin du tout à l’égout linguistique de ses contemporains de plume.
Ne revenons pas sur le triste entretien qu’il eut avec le non moins triste Frédéric Beigbeder dans les pages de l’Express ou plutôt si, revenons y car j’ose insister sur le fait que Millet est un auteur rare, fanatique de littérature et de verbe, pourfendeur de mièvreries et d’eau tiède que les générations actuelles idolâtres et portent aux nues. Lorsque Beigbeder lui-même se compare à un néo-Stendhal, qu’il désigne Anna Gavalda comme la descendante en ligne directe de Sagan, il dresse malgré lui un portrait de la littérature contemporaine à coup de marteaux et de burins. Si c’est bien cela la littérature du XXIè siècle, elle porte alors un visage de putain maquillée chez Ripolin.
Car c’est bien cela que revendique Beigbeder en reprochant à Millet son mutisme, son attitude de résistant emmuré dans son bunker à la manière d’un Sallinger. Il justifie son abus des médias en disant que c’est le dernier rempart à l’oubli de la littérature. Le show sauvera les belles lettres. Rimbaud et Verlaine en remake français de Brokeback Mountain et Gide au procès d’Outreau en direct sur LCI pour les commentaires, c’est vrai que ça aurait de la gueule. Dans le monde de Beigbeder.
Jetez-vous sur Millet, dégustez ses romans, délectez-vous de cette maîtrise et de ce respect de la langue, remettez vos compteurs à l’heure en renouant avec ce que Belles lettres veulent dire et n’oubliez pas, pour que vive la littérature, prenez garde que le grain ne meurt.
mercredi, février 08, 2006
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4 commentaires:
Tu sais que Tant Bourrin et moi sommes des fans de Millet, qu'on a été faire le pélerinage sacré à Viam, et tout ? Je ne connaissais pas le dialogue Bègue-BD/Millet, et j'ai trouvé Millet un peu nerveux, mais c'est une nervosité anti Frédéric, non ? Moi j'aime bien Gavalda, elle est bien en prise sur le présent, je la trouve plus drôle que Sagan, mais c'est sûr que Millet plane à un autre niveau.
Celà lui donne-t'il le droit de regarder les autres de haut ? Je crois qu'il faut tenir compte du contexte : face à Beigbeder, qui ne serait pas chatouillé de l'envie de l'envoyer dans les cordes ? Et avec lui, tous ceux qu'il défend ? Peut-être pour des histoires de familles éditoriales ?
Je partage l'avis du Souf' : le Beig est une telle tête à claque que plus d'un perdrait son sang froid s'il devait subir la purge d'un entretien avec lui.
Millet est vraiment un très grand. Il m'arrive régulièrement de prendre un de ses livres, de l'ouvrir au hasard et de lire une phrase, juste pour le plaisir d'en admirer le poli...
Je vous dois des remerciements chers cousins car c'est bien vous qui avez été les premiers à me conseiller ce formdiable auteur!
Personellement,je n'aime pas du tout Beigbeder mais j'apprécie, comme Saoulfifre, Gavalda (en tout cas pour ce que j'en ai lu) ainsi que Sagan. Les mettre tous dans le même panier, comme le fait Millet, me paraît être une erreur. Beigbeder utilise surabondamment le cynisme facile, ce que ne font pas, me semble-t-il Gavalda et Sagan. Certes, ces écrivains ne cultivent pas le purisme linguistique, mais les mêmes critiques par rapport au respect des normes ont été formulées contre l'art moderne et contemporain . Or, maintenant, on reconnaît prequ'unanimement qu'il s'agit bien d'art à part entière. En outre, il faut bien reconnaître que le cynisme est un reflet de notre société... On ne peut donc le rejetter totalement ; la littérature a aussi le droit de refléter la société.
Je ne partage pas l'idée de Beigbeder selon laquelle il faut insérer la littérature dans le monde de l'image. Je crois que, soit on est écrivain, soit on est homme de télé et "homme d'image", mais les deux en même temps, cela me semble impossible. Des gens comme Beigbeder dévalorisent la littérature de par leur écriture plus que pauvre et leur trop grand souci d'occuper une place dans le monde de l'image. Pour moi, Beigbeder n'est pas un écrivain, mais simplement un auteur. Il me semble que l'un des rôles de la littérature, c'est de veiller au maintient d'une langue française digne de ce nom (tout le contraire de ce qu'il fait).
Cela dit, là où j'approuve ce qu'il fait, c'est quand il dit qu'il parle de Boulgakov dans Voici. Parce que je ne suis pas partisan d'une littérature élitiste. Je pense que le souci des écrivains, de ceux qui ont réellement quelque chose à dire, ce n'est pas de toucher une poignée d'intellectuels, mais bien un public le plus large possible. Mais il y a des limites à tout : je ne pense pas que pas Beigbeder parle beaucoup de littérature lorsqu'il se ballade à poil sur Canal + ou je ne sais où.
Bref, je ne prends parti ni pour l'un, ni pour l'autre, car les deux positions me semblent incorrectes. Il faut trouver un juste mileu.
(p.s.: je m'excuse d'avance pour le côté un peu brouillon de ce commentaire et pour les éventuelles fautes d'orthographe qui resteraient - je ne me suis pas relu).
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