Il y a bientôt 10 ans, je croisais par le plus pur des hasards Frédéric Beigbeder à la Librairie La Hune du Bd St Germain. Je rêvais à l'époque de faire partie du Caca's club (club des analphabètes cons mais attachants) dont il était le fondateur. Lorsque ce dernier me lança un regard plus que concupiscent, je restais malheureusement interdite et n'osais franchir le pas qui m'aurait mené vers la gloire ou plus assurément dans son lit. Depuis cette fugace rencontre, Beigbeder est devenu écrivain, le caca's club n'existe plus et Bukowski est mort. Comme quoi tout fout le camp. Il est toutefois intéressant de profiter de l'occasion pour faire un rapprochement entre ces deux écrivains. Pour voir à quel point le jeune loup s'est inspiré du vieux cochon aussi bien dans ses écrits que dans l'évolution de son personnage. A la lueur de "Contes de la folie ordinaire" et de "Nouvelles sous ecstasy" je vais, sans trop de peine, vous en faire la démonstration. Inutile de spécifier que le parti pris est évident et que biensûr Beig n'a pas la carrure de Buk, qu'il flotte même dans ses santiags et se noie dans son fond de bourbon mais bon quand on copie en moins bien il faut s'attendre à quelques revers... Beigbeder aime comparer (Le Clezio à Gillot Petré, Ravalec à un sanibroyeur, Paul Auster à un imposteur) alors comparons !
Leurs points communs :
Une certaine marginalité.
L'usage de drogues.
Le goût des femmes.
Une grande liberté.
Anthropologistes de leur milieu.
Tous deux divorcés père d'une fille.
Leurs divergences :
L'un est marginal dans son milieu, l'autre est marginal dans le milieu qui n'est pas le sien.
L'un est un alcoolique achevé, l'autre cherche de nouvelles sensations dans les paradis artificiels.
L'un n'a aucun respect pour les femmes mais est un vrai tendre, l'autre se dit romantique mais est un vrai macho.
L'un eut une enfance favorisée, l'autre est né pauvre et se faisait battre par son père.
Quand l'un est cru c'est de la littérature, quand l'autre est acide c'est déjà vu dans Voici.
Quand l'un vomit dans ses toilettes d'hotel miteux l'autre vomit dans les poubelles de la rue de Varenne.
Quand l'un se descend trois bouteilles de Sancerre à Apostrophe avant de sortir son cran d'arrêt, l'autre cherche encore comment heurter l'opinion publique et créer la contreverse.
Moralité:
Si Bukowski était une voiture, il serait une jeep crottée jusqu'à la moelle.
Si Beigbeder était une voiture, il serait une smart couverte de pub.
Ca klaxonne, ça se faufile mais ça tient pas la distance.
mercredi, octobre 26, 2005
vendredi, octobre 21, 2005
Recyclage
Poppy Z Brite a depuis plus de vingt ans déjà, pris comme cheval de bataille de bousculer les bonnes moeurs de l'amérique puritaine. Jusque là, je ne peux que l'en féliciter et l'encourager au porte voix à décoincer les conventions qui pétrissent ce grand pays, à faire voler en éclats les pudibonderies de façade.
Mais comme le dit le proverbe "la fin ne justifie pas toujours les moyens".
En voici à mon goût un bel exemple.
Avant de fustiger ce livre, je vais comme Coluche mettre les choses bien à plat en signalant que je n'ai absolument rien contre les homosexuels, j'en compte moi même parmi mes amis et ai usé mes fonds de jeans au Boys de Paris que j'avais pas 17 ans!
Bon, ceci dit, Poppy Z. Brite, cette icone underground, sorte de Jeanne Mas matinée de Louise Broooks, tente de lancer sans élan un pavée dans la mare en imaginant ce qui serait advenu si Paul Mc Cartney et John Lenon avaient été amants.
Ca jette un froid! Le premier qui rit, il sort c'est un ordre !
Tu parles d'un pavée! Autant balancer une camionnette de gravier au fond de la Seine, ça fera plus de remous...
Pauvre Poppy et heureusement pour les homosexuels qui ne l'ont pas attendu !
C'est y a trente ans que tu aurais dû le sortir ton livre mais comble de malchance Lenon n'avait pas encore été assassiné ! Je suis pas certaine que cela lui aurait plu de s'"Imaginer" avec Paul dans son lit ou ailleurs ! Et pourquoi pas après tout, là n'est pas le fond du sujet...
Le vrai sens de ce livre est de postuler le fait que deux idoles mondialement connus peuvent changer la face de la terre et les convictions en avouant aux yeux du monde leur différence.
Il y a pourtant eu des précédents célèbres qui n'ont pas beaucoup aidé les homos à se sentir moins marginalisés : Bowie et Jaegger n'ont ils pas été soupçonnés d'avoir fait tirlipimpon sur le Chihahua? Madonna n'aurait-elle pas tondu à maintes reprises la pelouse de Sandra Bernhard et d'autres jeunes Virgin peu farouches sans pour autant faire baisser les prestations des jardiniers ?
Moi aussi je m'en pose des questions Poppy. Je sais c'est pas facile de s'appeler Poppy. J'ai moi même eu un chien dont la simple évocation m'arrache des larmes qui s'appellait Popsy. Il ne s'en ait jamais plaint mais il aurait pu.
Allons Poppy, il y a trente ans l'homosexualité était encore réprimée en Angleterre, OscarWilde croupissait dans sa geole de Reading, une nouvelle chasse aux sorcières était lancée mais toi Poppy tu arrives un peu comme la cavalerie. C'est le geste qui compte me direz-vous ? Un geste commercial tout de même! Elle n'a pas, que je sache, laissé l'intégralité des revenus de ce livre à la fondation Freddy Mercury.
Enfin tout cela n'est pas bien grave, on ne saurait en vouloir à ceux qui ont un peu trop copiné avec Marie-Jeanne en écoutant en boucle "Imagine". L'utopie a ses dérives que la littérature héberge toujours de bon coeur. Ca la perdra !
Mais comme le dit le proverbe "la fin ne justifie pas toujours les moyens".
En voici à mon goût un bel exemple.
Avant de fustiger ce livre, je vais comme Coluche mettre les choses bien à plat en signalant que je n'ai absolument rien contre les homosexuels, j'en compte moi même parmi mes amis et ai usé mes fonds de jeans au Boys de Paris que j'avais pas 17 ans!
Bon, ceci dit, Poppy Z. Brite, cette icone underground, sorte de Jeanne Mas matinée de Louise Broooks, tente de lancer sans élan un pavée dans la mare en imaginant ce qui serait advenu si Paul Mc Cartney et John Lenon avaient été amants.
Ca jette un froid! Le premier qui rit, il sort c'est un ordre !
Tu parles d'un pavée! Autant balancer une camionnette de gravier au fond de la Seine, ça fera plus de remous...
Pauvre Poppy et heureusement pour les homosexuels qui ne l'ont pas attendu !
C'est y a trente ans que tu aurais dû le sortir ton livre mais comble de malchance Lenon n'avait pas encore été assassiné ! Je suis pas certaine que cela lui aurait plu de s'"Imaginer" avec Paul dans son lit ou ailleurs ! Et pourquoi pas après tout, là n'est pas le fond du sujet...
Le vrai sens de ce livre est de postuler le fait que deux idoles mondialement connus peuvent changer la face de la terre et les convictions en avouant aux yeux du monde leur différence.
Il y a pourtant eu des précédents célèbres qui n'ont pas beaucoup aidé les homos à se sentir moins marginalisés : Bowie et Jaegger n'ont ils pas été soupçonnés d'avoir fait tirlipimpon sur le Chihahua? Madonna n'aurait-elle pas tondu à maintes reprises la pelouse de Sandra Bernhard et d'autres jeunes Virgin peu farouches sans pour autant faire baisser les prestations des jardiniers ?
Moi aussi je m'en pose des questions Poppy. Je sais c'est pas facile de s'appeler Poppy. J'ai moi même eu un chien dont la simple évocation m'arrache des larmes qui s'appellait Popsy. Il ne s'en ait jamais plaint mais il aurait pu.
Allons Poppy, il y a trente ans l'homosexualité était encore réprimée en Angleterre, OscarWilde croupissait dans sa geole de Reading, une nouvelle chasse aux sorcières était lancée mais toi Poppy tu arrives un peu comme la cavalerie. C'est le geste qui compte me direz-vous ? Un geste commercial tout de même! Elle n'a pas, que je sache, laissé l'intégralité des revenus de ce livre à la fondation Freddy Mercury.
Enfin tout cela n'est pas bien grave, on ne saurait en vouloir à ceux qui ont un peu trop copiné avec Marie-Jeanne en écoutant en boucle "Imagine". L'utopie a ses dérives que la littérature héberge toujours de bon coeur. Ca la perdra !
vendredi, octobre 14, 2005
Camping chez sa Majesté
Quelle drôle d'idée d'élire domicile dans un camping niché au coeur d'un Royaume-Uni aux portes de l'automne? Quelle idée encore plus absurde d'y rester alors que tous les estivants ont fui la rigueur du climat et l'oisiveté du site pour finalement se retrouver l'esclave des lieux et d'une population entière ?
Cela fait malheureusement partie des mirages de l'existence dirait le philsophe. Moi, j'appelle plutôt ça de la schkoumoune.
Voilà ce qui arrive à ce jeune garçon parti seul avec sa moto dans l'intention de traverser l'Inde. Bien loin de céder aux sirènes de la félicité promise par Katmandou, le voici peu à peu en train de s'enliser à la fois dans ce camping paumé et dans ses rapports humains.
Ce qui ne devait être qu'une étape devient progressivement le lieu de toutes ses afflictions.
Le patron du camping, un certain Tommy Parker, bourru et peu bavard, lui dresse peu à peu l'air de rien, une liste de travaux de force que le jeune homme peine à refuser. La quinzaine de jours qu'il devait passer au camping deviennent semaines puis mois. Sisyphe à la crème anglaise.
L'aspirant aventurier se transfome sous nos regards désabusés en ouvrier homme à tout faire puis en laitier dépassé par les evènements.
L'unique compensation à ces journées de labeur sont les compétitions de fléchettes et les bières partagées au pub le plus proche avec des autochtones aussi rustres qu'acariâtres.
De concessions en renoncements, notre pauvre garçon nous fait souvent penser à nos propres faiblesses, à nos démissions à notre façon parfois de céder à une certaine fatalité.
On le déteste de se laisser manipuler, on le trouve stupide et sans impétuosité mais on ne peut s'empêcher de le regarder avec beaucoup de tendresse car c'est un peu de notre côté sombre, en tout cas je me suis sentie dans ses Doc Martins autant que dans ses haricots sauce tomate.
Débordée et dépitée par un monde implacable.
Un beau livre à l'humour anglais à ne pas laisser passer.
Cela fait malheureusement partie des mirages de l'existence dirait le philsophe. Moi, j'appelle plutôt ça de la schkoumoune.
Voilà ce qui arrive à ce jeune garçon parti seul avec sa moto dans l'intention de traverser l'Inde. Bien loin de céder aux sirènes de la félicité promise par Katmandou, le voici peu à peu en train de s'enliser à la fois dans ce camping paumé et dans ses rapports humains.
Ce qui ne devait être qu'une étape devient progressivement le lieu de toutes ses afflictions.
Le patron du camping, un certain Tommy Parker, bourru et peu bavard, lui dresse peu à peu l'air de rien, une liste de travaux de force que le jeune homme peine à refuser. La quinzaine de jours qu'il devait passer au camping deviennent semaines puis mois. Sisyphe à la crème anglaise.
L'aspirant aventurier se transfome sous nos regards désabusés en ouvrier homme à tout faire puis en laitier dépassé par les evènements.
L'unique compensation à ces journées de labeur sont les compétitions de fléchettes et les bières partagées au pub le plus proche avec des autochtones aussi rustres qu'acariâtres.
De concessions en renoncements, notre pauvre garçon nous fait souvent penser à nos propres faiblesses, à nos démissions à notre façon parfois de céder à une certaine fatalité.
On le déteste de se laisser manipuler, on le trouve stupide et sans impétuosité mais on ne peut s'empêcher de le regarder avec beaucoup de tendresse car c'est un peu de notre côté sombre, en tout cas je me suis sentie dans ses Doc Martins autant que dans ses haricots sauce tomate.
Débordée et dépitée par un monde implacable.
Un beau livre à l'humour anglais à ne pas laisser passer.
dimanche, octobre 09, 2005
Parties cul alimentaires
On sort de la lecture des "Particules élémentaires" de Houellebecq comme d'un marathon effectué à reculons.
Déconcerté, écoeuré, la tête farcie d'images glauques.
L'histoire de ces deux demi-frères paumés dans un monde qui l'est tout autant mais qui semble les rejeter, vous abandonne sur le trottoir comme une mauvaise cuite. Rien à aucun moment ne vous laisse entrevoir une issue favorable à ces vies qui nous sont livrées sous le jour cruel de la réalité.
Amateur de sexe façon Régine Desforges passez votre chemin! Il n'est ici question que d'une sexualité dépravée, impudique, triste et solitaire où chacun porte son appareil génital en bandoulière. Les personnages sont avant que d'être des hommes et des femmes, de la chair à farcir, passez-moi l'expression.
Quel est le but de Houllebecq ? Ecrire pour partager son angoisse d'exister, donner en contre-exemple des morceaux choisis de sa propre dérive ou écrire pour de l'alimentaire ? Lui même dit vouloir témoigner de la déchéance du monde et sur l'urgence d'une mutation. Si la solution s'appelle Raël, on va encore réfléchir un peu... Il y a beaucoup de lui dans ce roman au travers de l'enfance massacrée, de la recherche d'identité, du rejet du monde moderne écrasant et réducteur mais Houellebecq choisit de mettre en avant Bruno, le personnage le plus terne du roman, au détriment de Michel plus ambigu mais au combien plus intéressant. Cela est regrettable à mon avis.
Aucun de ces deux personnages ne sera épargné par les vicissitudes de la vie et systématiquement le bonheur rebroussera chemin dès qu'il se présentera face à eux.
Ce roman résume la vacuité du monde et l'impossibilité d'y être heureux quoi qu'on y face dans le silence ou le vacarme de ses idéaux. C'est noir, sans issue. Un cul de sac dans un sac de culs où seul le sexe donne du relief aux paysages.
Faut-il lire Houellebecq ? Oui mais si tout va bien chez vous et en gardant à portée de main son sens de la dérision.
Déconcerté, écoeuré, la tête farcie d'images glauques.
L'histoire de ces deux demi-frères paumés dans un monde qui l'est tout autant mais qui semble les rejeter, vous abandonne sur le trottoir comme une mauvaise cuite. Rien à aucun moment ne vous laisse entrevoir une issue favorable à ces vies qui nous sont livrées sous le jour cruel de la réalité.
Amateur de sexe façon Régine Desforges passez votre chemin! Il n'est ici question que d'une sexualité dépravée, impudique, triste et solitaire où chacun porte son appareil génital en bandoulière. Les personnages sont avant que d'être des hommes et des femmes, de la chair à farcir, passez-moi l'expression.
Quel est le but de Houllebecq ? Ecrire pour partager son angoisse d'exister, donner en contre-exemple des morceaux choisis de sa propre dérive ou écrire pour de l'alimentaire ? Lui même dit vouloir témoigner de la déchéance du monde et sur l'urgence d'une mutation. Si la solution s'appelle Raël, on va encore réfléchir un peu... Il y a beaucoup de lui dans ce roman au travers de l'enfance massacrée, de la recherche d'identité, du rejet du monde moderne écrasant et réducteur mais Houellebecq choisit de mettre en avant Bruno, le personnage le plus terne du roman, au détriment de Michel plus ambigu mais au combien plus intéressant. Cela est regrettable à mon avis.
Aucun de ces deux personnages ne sera épargné par les vicissitudes de la vie et systématiquement le bonheur rebroussera chemin dès qu'il se présentera face à eux.
Ce roman résume la vacuité du monde et l'impossibilité d'y être heureux quoi qu'on y face dans le silence ou le vacarme de ses idéaux. C'est noir, sans issue. Un cul de sac dans un sac de culs où seul le sexe donne du relief aux paysages.
Faut-il lire Houellebecq ? Oui mais si tout va bien chez vous et en gardant à portée de main son sens de la dérision.
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