vendredi, novembre 03, 2006

Bas-Arts


Qu’est-ce que l’art ? D’après notre dictionnaire, l’art serait avant tout un ensemble de moyens utilisés pour produire une création esthétique. Oui, mais alors, qu’entend-on par esthétisme ? Notre toujours précieux glossaire répond : Science qui a pour objet de rechercher et de déterminer les caractères du beau dans l'art et la nature. Voilà bien notre sujet et le loup que je m’apprête à lever devant vous ! Démonstration : Tout le monde s’accorde à trouver le sentiment amoureux comme étant l’un des plus beaux. L’exercer au mieux, peut devenir un art. Ovide a, en son temps, dépeint avec brio les caractéristiques d’une telle démarche avec son « Art d’aimer ». D’autres s’y sont essayés, repoussant chaque fois un peu plus les limites du Beau. L’art de la guerre, de la tauromachie, de recevoir ses amis, de cuisiner bref de Sun Tzu à Nadine de Rothschild, tous ont su respecter la beauté de leur sujet même s’il n’était à la base pas le plus évident. Car qu’est-ce que le beau, sinon le sentiment provoqué par une chose noble, admirable qui élève l’esprit ? L’art ne peut donc se fourvoyer dans des sentiers douteux.
C’est pourtant ce que l’édition d’aujourd’hui tente de nous faire croire.
Deux « belles » réalisations parues ces mois derniers : « L’art de dire des conneries » et « L’art de péter », tous deux parus chez de respectables éditeurs.
Galéjade, me direz-vous ! Tentative de démocratiser un peu plus l’art à l’extrême afin de désamorcer un secteur où tôt ou tard tout est art ? Je ne sais pas.
Cela rejoint pour moi ces soient disant œuvres contemporaines qui viennent fleurir nos musées nationaux (étron en céramique, robe en viande de bœuf, concrétion de salive, tableaux immaculés, etc.)
Pour être élevé au rang d’art, plus besoin de relevé de l’esthétisme et donc du beau. Le laid, l’insignifiant, le négligé prend du galon, passe de l’impopularité à l’impénétrable sans passer par la case célébrité. Ça dérange qui ? Au risque de faire vieille France, je vais dire Moi. Je garde visé au corps le sentiment qu’on m’a pris pour un cornichon.
Que dire alors de ces deux livres ? Pour les avoir lu, voici mon humble avis.
Si au moins j’avais pu rire à la lecture de ces ouvrages didactiques, j’aurais baissé drapeau, ranger mon côté ronchon et admis qu’on peut bien se payer une bonne tranche de l’art sans pour autant déflorer le concept. Mais là, mes ami(e)s, quel ennui !! C’est prétentieux, pédant, universitaire au possible et on ne sait ni mieux dire des conneries ni mieux apprécier les pets de son entourage après lecture. Les conneries deviennent condescendantes et les pets suffisants et hautains.
Mais alors, on s’est laissé avoir. On a pris ces lanternes pour des vessies (et non le contraire cette fois) et on s’est fait berner en deux leçons. CQFD.
Méfiance donc reste mère de sûreté. Eloignons-nous des ces bat’arts, avat’arts d’une société qui voudraient faire manger leur soupe au plus grand nombre mais qui ne sont que des racont’art de bas étages.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Excellent ! Mon ami m'a envoyé le lien vers votre blog avec comme commentaire "régale toi"... il me connait bien.
Si vous me permettez, j'ajouterai simplement qu'il ne faudrait effectivement pas nous prendre pour des con'art... nom d'un pét'art !

Chutney a dit…

Un commentaire comme le tien, ça c'est le pan'art!! Bienvenue chez moi!

Anonyme a dit…

Oui Chutney, je suis l'infâme blogueur sous la ceinture qui a envoyé Maglite "ici haut", et je tente d'élever le "sous la ceinture" au rang d'art, mais peut-être qu'honorer ce renc'art est très art'du. Tes notes sont réjouissantes, je ne m'étends pas plus sur celle-ci qui dit tout.

Anonyme a dit…

je ne saurais être ô, chère chutney, plus d'accord avec toi...la Fiac nous a encore montré jusqu'où le pretendu art qui se prend pour de l'art peut-il aller. Le must : un gamin en pijama aux oursons sous un sac poubelle (en guise de cadavre), bises à toi et merci

Chutney a dit…

Quand je pense que les FRAC (Fonds régionaux pour l'art contemporain) dépensent des sommes astronomiques pour se payer ce genre de chose au détriment d'artistes plus populaires, ça me hérissent le poil et le porte monnaie parce que c'est qui qui paye?...

Anonyme a dit…

Enrichissez-vous : vendez vos poubelles.

Je brade, à l’intention des plus fins collectionneurs et musées, une œuvre profonde et sensible : une paire de docs Martens exsangues. Semelles lisses. Croûte craquelée. Lacets effilochés. Odeur suspecte.
Évidemment, il s’agit d’une dénonciation ferme comme virulente des impasses toutes exploitées où l’homme moderne est contraint de s’engager/fourvoyer. A en somme pris corps une démarche de déconstruction dérangeante, inconfortable, qui ouvertement en appelle à une ontologie du piétinement, à un vécu a-cinétique, résolument statique. A la paresse ? Ni plus ni moins ?
Les contours déliquescents de l’œuvre prouvent qu’à trop se démener, on s’use. Cela fait sens et interroge au plus profond nos habitus.
Bref, c’est une affaire. Une vraie bonne affaire. Il t’en coûtera 150.000 € pour la droite. Autant pour la gauche.
Veinarde, tu as encore le choix.

Chutney a dit…

L'argent n'a pas d'odeur au moins!

Anonyme a dit…

Venu ici depuis le fameux Festival...
Je me sens bien ici. J'y reviendrai, donc.

Anonyme a dit…

Hello Chutney,
Ah! ca fait du bien, je suis entièrement d'accord avec toi. Le but serait-il de déshumaniser l'art ? Si la laideur (source de plaisir???) et le don de créer une oeuvre telle que l'art de péter sont du domaine de l'esthétique, nous pouvons créer en 2 minutes. Et cerise sur le gâteau, on tente de nous apprendre à aimer la connerie et les bat'arts.
J'ai lu sur ta page d'accueil que tu n'avais pas trouvé d'éditeur (as-tu tenté les petits éditeurs et sais-tu pourquoi ils n'ont pas retenu ton manuscrit?)
J'ai publié mon 1er roman l'été dernier, si tu as envie de le lire voici l'adresse de mon site Web
http://nouveauroman.googlepages.com/

Chutney a dit…

Bienvenue Françoise!
Je suis ravie de t'avoir comme lectrice occasionnelle car j'apprécie beaucoup les commentaires que tu laisses de ci de là sur certains blogs que je fréquente moi aussi! Je n'ai pas essayé les plus petits éditeurs mais ils seront prioritaires pour mon futur roman. Les grands de la place de Paris n'ont pas vraiment exprimé ce qui les genait dans mon manuscrit alors difficile de se remettre en question...