vendredi, octobre 14, 2005

Camping chez sa Majesté

Quelle drôle d'idée d'élire domicile dans un camping niché au coeur d'un Royaume-Uni aux portes de l'automne? Quelle idée encore plus absurde d'y rester alors que tous les estivants ont fui la rigueur du climat et l'oisiveté du site pour finalement se retrouver l'esclave des lieux et d'une population entière ?
Cela fait malheureusement partie des mirages de l'existence dirait le philsophe. Moi, j'appelle plutôt ça de la schkoumoune.
Voilà ce qui arrive à ce jeune garçon parti seul avec sa moto dans l'intention de traverser l'Inde. Bien loin de céder aux sirènes de la félicité promise par Katmandou, le voici peu à peu en train de s'enliser à la fois dans ce camping paumé et dans ses rapports humains.
Ce qui ne devait être qu'une étape devient progressivement le lieu de toutes ses afflictions.
Le patron du camping, un certain Tommy Parker, bourru et peu bavard, lui dresse peu à peu l'air de rien, une liste de travaux de force que le jeune homme peine à refuser. La quinzaine de jours qu'il devait passer au camping deviennent semaines puis mois. Sisyphe à la crème anglaise.
L'aspirant aventurier se transfome sous nos regards désabusés en ouvrier homme à tout faire puis en laitier dépassé par les evènements.
L'unique compensation à ces journées de labeur sont les compétitions de fléchettes et les bières partagées au pub le plus proche avec des autochtones aussi rustres qu'acariâtres.
De concessions en renoncements, notre pauvre garçon nous fait souvent penser à nos propres faiblesses, à nos démissions à notre façon parfois de céder à une certaine fatalité.
On le déteste de se laisser manipuler, on le trouve stupide et sans impétuosité mais on ne peut s'empêcher de le regarder avec beaucoup de tendresse car c'est un peu de notre côté sombre, en tout cas je me suis sentie dans ses Doc Martins autant que dans ses haricots sauce tomate.
Débordée et dépitée par un monde implacable.
Un beau livre à l'humour anglais à ne pas laisser passer.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je n'aime pas laisser un beau billet sans commentaire, alors j'y vas, mais sans avoir grand chose à dire à part que ça donne envie de découvrir ce livre. Je le garde en référence dans un petit coin de ma mémoire... en attendant d'avoir un peu de temps pour lire !

Chutney a dit…

Merci pour ta chaleur au coeur de ce courant d'air glacial !