Lorsque je me mets en quête d’acheter un précis de littérature, j’agis un peu comme l’acquéreur d’équidés sur une foire agricole. Au lieu de regarder la dentition, je reluque en vitesse l’index à la recherche de la partie consacrée à Romain Gary. C’est un indice pour moi quasiment infaillible. Cet autre jour dans les rayons lettres d’un grand magasin, je tombe sur ce nouveau vade-mecum pour connaisseurs approximatifs. Très bien, dans l’index je repère très rapidement la page dédiée à mon auteur fétiche mais là, calamité de calamité je tombe dans cet indicible abîme qui sépare le nervous breakdown du total blackout.
Je lis et relis l’imbécillité qui y est écrite à m’en faire une irréversible exophtalmie : « Romain Gary, auteur Français né à Paris… »
Mais où ont-ils bien pu trouver pareille ânerie ? Gary né à Paris ? Passe encore quand je vois écrit « né à Moscou » puisque c’est lui-même qui le disait dans son art de transformer la réalité mais depuis il est communément admis qu’il est né à Wilno, Pologne. Et cet état de fait n’est pas qu’anecdote débile de fétichiste ; c’est la base de l’histoire de cet écrivain déchiré entre plusieurs nations, c’est ce qui l’a formé, construit et fait homme. Ce n’est pas chipoter entre un écrivain qu’on dirait être né dans le 16ème alors qu’il a vu le jour à l'Hôpital américain de Neuilly. Une fois l’incongruité dépassée, je parcours rapidement la généreuse dizaine de lignes dédiées à Gary. Pour du survol, c’est du survol ! C’est un peu comme déclarer qu’on connaît Paris alors qu’on a juste fait le tour du périph’ !
Epargnez 22 euros et ressortez votre ringard Lagarde & Michard. C'est toujours dans les vieux pots...
lundi, novembre 07, 2005
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7 commentaires:
Bon, d'un autre côté, Le Lagarde et Michard est assez silencieux sur Gary, non ? J'aime beaucoup moi aussi Gary et son double, Emile Ajar. C'est quand même une sacrée baffe à tout le monde, un jeune débarque, personne ne le connait, et il dégotte un prix convoité (je me rappelle plus lequel) ! Faut dire que "La vie devant soi" et "Gros-calin", c'est du lourd !
C'est vrai que le Lagarde & Michard ne pipe pas grand chose de Gary mais le silence est d'or! J'ai toujours été sidérée de constater qu'un type ayant eu deux fois le prix Goncourt et ayant autant contribué à loa grandeur de la littérature française soit à ce point ignoré par la critique et par les manuels scolaires !
Je serais curieux de lire le passage dédié à Isidore Ducasse...
Effectivement que disent-il de Monsieur le Comte de lautréamont? Je vérifie cela ce week end! Le silence est certes d'or mais bon à force de passer sous silence de grands auteurs comme ceux là, ça frole l'incompétence chronique...
Si je me réfère à ton commentaire sur R. Gary, cet ouvrage semble, effectivement, manier le raccourci sans réelle pertinence. Je m'interroge, donc, sur le traitement réservé au "géniteur" de Maldoror...
Effectivement, bacler le profil du grand Gary est une faute impardonable et ça donne une idée du reste du contenu qui dû être pondu dans la demi-heure où le projet est sorti du service marketing.
Très bonne idée de crash-test le coup du Gary.
Gare au gary !
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