En Finlande comme dans beaucoup d'autres pays, le suicide est l’une des premières causes de mortalité.
Il est vrai qu’à l'austérité ambiante s’ajoutent les rudesses des éléments, le chômage endémique et les semaines de crépuscule polaire qui ne poussent certes guère à la gaudriole et à l'épanouissement personnel. Et pourtant, pourtant il y a en Finlande quelques phénomènes qui vous sortent du fond du fjord pour vous hisser très haut. De ces choses qui vous requinquent comme une bonne gorgée de vodka, qui viennent vous fouetter délicatement le corps tel un bouquet de rameaux de feuilles de bouleau parfumées au sortir du sauna. De ces choses qui tiennent plus leurs promesses qu'un hypothétique Père Noël. Il y a dieux, elfes et lutins merci Arto Paasilinna, le brise-glace local.
Avec Petits Suicides entre amis, il éperonne le quotidien de finlandais au bout du rollmops qui, sous la direction d'un Colonel, d'un homme d'affaire déchu et d'une secrétaire déprimée forment bientôt la folle équipée des suicidaires anonymes.
A bord d'un car Pullman rutilant, ils se mettent en quête de récupérer un par un les aspirants au suicide de l'ensemble du pays.
Cela donne lieu à une extravagante galerie de portraits : un éleveur de rennes retors, un capitaine en cale sèche, un serveur bout en train, un dresseur de visons, une femme battue bref tout ce que peut contenir comme détresse l'univers de la mélancolie. La conclusion est brutale, force est de constater que la Laponie ne résonne pas que de rires d'enfants et de grelots de rennes et non, les marmottes ne passent pas leur temps à mettre le chocolat dans le papier d'alu...
S’ensuit un long périple à travers la Suède, l’Allemagne, l’Alsace, la Suisse puis le Portugal. Et pourquoi ce circuit touristique pour des aspirants au néant me direz-vous ? Et bien c'est qu'ils recherchent le meilleur endroit pour orchestrer leur suicide collectif ! Le récit « traineau » un peu en longueur et parfois le lecteur à lui aussi envie d’en finir. Mais quand trouveront-ils le lieu idéal pour leur grand saut vers l’inconnu ?
Heureusement la dérision y règne en maître et on s’attache progressivement à ce petit troupeau esseulé et bramant.
Encore un livre à déguster. A lapone heure !
mardi, novembre 01, 2005
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
5 commentaires:
Finnois... À moins que l'absence de doublement de consonne ne soit volontaire dans la construction du titre.
C'était fait exprès ! Merci pour cette acuité visuelle !
Bien vu en effet, j'étais passé à côté de cette subtilité introduite par l'absence d'un "n" dans le titre de ce billet !
Voilà en tout cas un thème de bouquin plutôt prometteur. J'en note donc bien le titre et l'auteur ! :~)
L'auteur, je connais, j'ai lu son histoire de vieille, c'est pas mal, et le thème du tien est effectivement alléchant...
Enregistrer un commentaire