jeudi, juin 09, 2005

Première Ligne, premier bonheur

Vous qui êtes des lecteurs assidus, papivores bibliophiles soignant leurs maux avec les mots des autres, vous comprendrez sans heurts l'immense joie que représente la découverte d'un nouvel écrivain de talent. C'est avec voracité que l'on se goinfre du talent de l'autre. On guette, le crayon à la main afin de souligner la phrase, le mot, le passage qui nous touche et qu'on aimerait dans nos rêves pouvoir se souvenir pour toujours. On se sent compris, entendu dans notre solitude de lecteur. On est comme l'enfant qui vient de rencontrer un tout nouveau copain et qui sait intimement que cette amitié là va compter dans sa vie.
Jean-Marie Laclavetine: son nom chantonne comme un guilleret petit ruisseau mais il est natif de la Garonne, fleuve ronflant et gouleyant.
Laclavetine: Quel drôle de nom? Est-ce une clavicule ou un tocsin, une comptine ou un clavecin? Non, non c'est un savoureux moustachu d'Aquitaine, écrivain attachant et qui plus est membre du comité de lecture des Editions Gallimard.
Oui, oui je sais, vous me voyez venir avec mes sabots dondaine oh! oh! oh! avec mes sabots!!
Ben oui, je l'avoue, j'ai adressé mon manuscrit à ce monsieur mais c'etait juste avant de découvrir son roman "Première Ligne".
Je m'étais dit en brave fille pétrie d'optimisme, que si toutefois Monsieur Laclavetine selectionnait mon roman et si d'aventure il était amené à me convoquer, il était assez judicieux de ma part d'avoir en mémoire au moins une de ses oeuvres.
Alors, le brave petit soldat que je suis s'est executé et vas y que je file à la bibliothèque, rayon L, série LAC, il m'attendait les pages tendus vers moi "Première Ligne".
Sortant fraichement du roman de Lolita Pille, je me suis dit "tiens, encore un roman sur la drogue".
Heureusement, il n'en fut rien mais je pris comme un message divin la teneur de ce roman.
Dès la dédicace, le décor est planté : "Aux écrivains anonymes"
Il me parle, il m'a reconnu! Ouh ouh Jean-Marie, je suis là, mais si là derrière ta pile de manuscrit! C'est moi Chutney! Mais si boudiou, Chutney, 1973, rue Soufflot!
Bon, visiblement, c'est pas encore ça!
Au fil de la lecture, je me sens démasqué par l'auteur. L'histoire est celle d'un éditeur Cyril Cordouan fatigué de recevoir des manuscrits débiles d'écriveurs analphabètes. Un beau et surtout triste jour, un de ces auteurs maudits vient le trouver à son bureau et apprend par l'éditeur que son manuscrit est une daube et qu'il ne sera jamais publié.Désemparé, l'auteur anonyme sort une arme et se tire une balle dans la tête devant l'éditeur médusé.
Cordouan décide alors de monter le club des auteurs anonymes (Les A. A) afin de les faire renoncer à l'écriture, pour qu'ils se desintoxiquent de cette drogue dure.
Dans cette quête de purification, il trompera sa femme, sera lui même cocufié et finira par publier les torchons puerils qu'il avait toujours repoussé.
On referme le livre, en se disant qu'on a fait là une bien belle découverte. Quelle plume, quelle intelligence, quelle finesse, les mots me manquent pourtant c'est pas mon genre de manquer d'arguments!
En tant qu'écriveur moi même, Laclavetine me donne à apprendre l'humilité et que c'est beau quand il dit : "Ecrire n'est rien, j'ai essayé. Mais vivre?"

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ma belle Estelle,
eh non je suis désolée de te décevoir, ça n'est pas un brave inconnu qui t'écrit, c'est moi Leticia, ta littéraire amie. Je voulais te dire que j'ai enfin lu, relu, avalé, dévoré tout ton blog et que j'ai pas mal rigolé, j'aime beaucoup la fluidité, l'humour, les sujets hétéroclites et surtout le ton sans prétention...
je te dis donc un grand GRAND bravo et j'espère à très bientôt!!!
je t'embrasse