On sort de la lecture des "Particules élémentaires" de Houellebecq comme d'un marathon effectué à reculons.
Déconcerté, écoeuré, la tête farcie d'images glauques.
L'histoire de ces deux demi-frères paumés dans un monde qui l'est tout autant mais qui semble les rejeter, vous abandonne sur le trottoir comme une mauvaise cuite. Rien à aucun moment ne vous laisse entrevoir une issue favorable à ces vies qui nous sont livrées sous le jour cruel de la réalité.
Amateur de sexe façon Régine Desforges passez votre chemin! Il n'est ici question que d'une sexualité dépravée, impudique, triste et solitaire où chacun porte son appareil génital en bandoulière. Les personnages sont avant que d'être des hommes et des femmes, de la chair à farcir, passez-moi l'expression.
Quel est le but de Houllebecq ? Ecrire pour partager son angoisse d'exister, donner en contre-exemple des morceaux choisis de sa propre dérive ou écrire pour de l'alimentaire ? Lui même dit vouloir témoigner de la déchéance du monde et sur l'urgence d'une mutation. Si la solution s'appelle Raël, on va encore réfléchir un peu... Il y a beaucoup de lui dans ce roman au travers de l'enfance massacrée, de la recherche d'identité, du rejet du monde moderne écrasant et réducteur mais Houellebecq choisit de mettre en avant Bruno, le personnage le plus terne du roman, au détriment de Michel plus ambigu mais au combien plus intéressant. Cela est regrettable à mon avis.
Aucun de ces deux personnages ne sera épargné par les vicissitudes de la vie et systématiquement le bonheur rebroussera chemin dès qu'il se présentera face à eux.
Ce roman résume la vacuité du monde et l'impossibilité d'y être heureux quoi qu'on y face dans le silence ou le vacarme de ses idéaux. C'est noir, sans issue. Un cul de sac dans un sac de culs où seul le sexe donne du relief aux paysages.
Faut-il lire Houellebecq ? Oui mais si tout va bien chez vous et en gardant à portée de main son sens de la dérision.
dimanche, octobre 09, 2005
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4 commentaires:
Les pathologies de H. sont témoins, résultats des pathologies du monde, mais la critique, si critique il y a, est plus qu'ambigüe : H. surfe sur une vague et ne cherche pas de solutions. Il s'étale, il se vautre et son cynisme lui va bien au teint...
Il est plus probable qu'il fasse des émules plutôt que de susciter des méfiances et des critiques lucides sur son discours démobilisateur.
Je partage le point de vue de Saoul-Fifre. Autant la première partie du livre m'a semblé plutôt brillante, autant la partie cul m'a vite lassé : on se croirait dans "le gland morne" d'Alain-Fourre-Niais. Pas la moindre trace de tendresse ou même de vague compassion pour aucun de ses personnages, cynisme à tout crin, désespérance totale dont on se demande quelle est la part de sincérité (2%?) et la part de pose facile, tellement facile (98%?). Bref, je ne suis pas tout à fait ce que l'on pourrait appeler un fan inconditionnel de H. :~)
Merci les copains ! Et vive les défenseurs de la tendresse et de l'optimisme! Nous on a pas l'alcool ni le sexe triste! C'est le premier qui le dit qu'y est.
Bonjour Chutney!
Je me pose par ici car je n'avais pas encore lu cette critique-là.
Tu as un beau potentiel, digne d'une critique littéraire, franchement j'adhère!
Et la tendresse bordel? Bordel!
Je continue à faire mon petit tour, à te lire.
Je t'avais déjà trouvée toute seule comme une grande, Saoulfifre m'a rappelée à toi sur mon blog par un heureux hasard et je me décide à te laisser un message.
Comme toi, comme vous, je cherche un éditeur et pendant ce temps-là, j'écris...
Accroche-toi, continue, tu mérites, tu mérites...
nathalie
http://nathaliesalvi.hautetfort.com/
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