475 romans français viennent marquer cette rentrée littéraire cru 2006. Un cru noyé duquel n'émergeront que les grandes figures classiques et pas nécessairement les meilleures à savoir Christine Angot, Amélie Nothomb, Laurent Gaudé, Florian Zeller etc. Une seule motivation pour ceux là : "Goncourir". Car pour quoi d'autre gaver les libraires, les médias et éventuellement les lecteurs si ce n'est pour avoir l'autorisation de se présenter au Goncourt en novembre prochain? Si l'éditeur n'avait pas cette ambition masquée, penserait-il décemment entrer dans ses frais et envisager des bénéfices en propulsant ses poulains dans une course aussi encombrée et incertaine que celle d'un spermatozoïde en quête de l'ovule à féconder? En partant de l'équation communément admise qu'un lecteur moyen lit environ 23 livres par an, il lui faudrait environ vingt an avant de venir à bout de la rentrée littéraire de cette année. Autant dire que bon nombre d'écrivains vont rester sur le carreau, sacrifier sur l'autel du marketing, piétiner dans cet enfer pavé de bonnes intentions.
Vous allez penser que je crache dans le soupe et que malgré le dégoût que m'inspire cette grande messe (noire), j'aimerais bien être la 476ème plume de cette rentrée.
Désolée, mais vous auriez tort de le croire. Si un jour la chance m'est donnée d'être éditée, j'aimerai bien mieux être publié de manière plus confidentielle en début d'année, voire avant les grandes vacances. Il y a quelque chose de terrifiant à se retrouver entouré de 474 autres auteurs, sans aucun pied d'égalité au départ et sans grand moyen pour se sortir du lot à part le génie et encore! Cela me ferait l'effet d'être un puceau qui ferait sa première expérience dans un gang bang! Un peu dur d'imaginer être à la hauteur de la situation...
De plus, comble du ridicule, cette année c'est un américain Jonathan Littell qui vient manger le pain des français en publiant "Les bienveillantes". Roman écrit directement en français ce qui fait de lui un "goncourisable" de choix d'autant que son roman semble emporter l'adhésion de la presse et du public et que donc il serait et de loin, bien meilleur que toute la soupe aigre servie par nos classiques fut elle faite dans de vieux pots.
Pour ma part, je tirerai cette année mon épingle du jeu en choisissant de dépenser mes petites économies sur deux auteurs : le premier est Philippe Vilain, jeune auteur publié chez Grasset qui nage un peu la brasse coulée en cette rentrée gargantuesque et que j'ai décidé d'aider de ma modeste contribution, pas parce qu'il me parait meilleur que les autres que je n'ai pas lu et dont je ne dirais rien, mais juste parce qu'il était à la Fac à Rouen avec moi et parce que c'est un type sympa. Mon deuxième choix est assez faux cul de ma part puisque je botte en touche avec l'édition du journal de Julien Green "Le grand large du soir". Journal établi un an avant sa mort.
C'est de la rentrée littéraire comme j'aimerai en voir plus souvent!
Au fond, j'aime bien ce grand foutoir, je trouve cela assez distrayant et de toutes les façons l'essentiel est bien qu'on parle de littérature, qu'on s'en divertisse encore, qu'on frétille toujours rien qu'à l'évocation de cette formidable naissance, fut elle gorgonesque.
La critiquer, c'est un peu comme me mettre dans la peau de ces deux vieux briscards de Statler & Waldorf du Muppet Show. J'accuse, je me moque, je crie à l'assassin, je mets des mauvaises notes mais pour rien au monde je céderai ma place au balcon.
vendredi, septembre 01, 2006
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10 commentaires:
Haaaaa, un journal de Julien Green ? Alléchant...
Litell, j'ai lu un truc d'indien de lui, qui m'a bien plu...
Sinon, Mahnamahna, ils sortent rien, cette année
q:^) ?
http://www.procrastin.fr/blog/index.php?2006/08/31/107-muppet-chaud
Bonjour Chutney!
Je vous ai posté un billet quelque part sur votre blog, j'en dépose un nouveau par ici.
J'adore, tout simplement... j'adore... votre verve.
Quoi, ils ne vous ont pas encore publiée?????
Ils ne savent pas ce qu'ils perdent, maaaaaaazette!
Continuez...
http://nathaliesalvi.hautetfort.com/
Bien chère Nathalie,
Merci de me lire et de prendre le temps de me le dire avec vos mots si chauds. Je suis heureuse d'avoir auprès de moi une compagne d'écriture aussi motivée que moi. A nous deux, nous pouvons nous echanger notre expérience du terrain et être moins découragées par le chemin sinueux qu'il nous reste peut être encore à parcourir:
J'en serais ravie.
Bien sincèrement.
nathalie
woua....
je ne me suis pas connectée sur ton blog depuis plusieur mois et voilà que j'apprends, aujourd'hui, en te lisant, que tu vas être maman... l'émotion et la joie m'ont fait monter les larmes aux yeux ! je vous souhaites à toi et ton homme une heureuse grossesse (qui a prirori arrive bientôt à son terme) et beaucoup, beaucoup de bonheur.
je t'embrasse,
julie
Intéressant article auquel je voudrais apporter un autre éclairage et un peu d'optimisme. Quand on sait que très peu de livres dépassent 5000 exemplaires et que la plupart dépassent à peine le millier, le blog littéraire peut devenir un magnifique substitut à l'édition. En effet publier ses oeuvres en ligne permet aujourd'hui de dépasser 1000 lecteurs par jour, c'est à dire avoir un lectorat supérieur à celui de l'édition papier. Or quel but poursuit-on lorsqu'on écrit : celui d'être lu ! Quelle récompense espère-t-on : celle d'avoir été choisi ! Par des lecteurs passionnés ou par des éditeurs qui n'ont plus le temps de parcourir les manuscrits ? La réponse devient de plus en plus évidente et certains blogs d'écrivains purement numériques dépasseront les tirages des blocks busters. La blogosphère a de beaux jours devant elle ...
Merci Jean-Christophe pour cet angle positif et encourageant! Virginie Despentes déclarait récemment dans une interview accordée au magazine Lire :"Je pense que les futurs auteurs importants viendront du blog, assurément." Alors espérons que cette voie séduira de plus en plus de lecteurs.
La façon qui m'est la plus autenthique pour apprécier un livre, est lorsque je le sors, plus ou moins au hasard, d'une bibliothèque, généralement chez des gens qui m'hébergent; je sais pas pourquoi.
Bien d'accord avec toi! On a la sensation dans ce cas précis d'être choisi plus que de choisir et cela crée un contact un lien presque surnaturel avec l'objet. C'est ainsi que j'ai découvert Romain Gary et cela a boulversé ma vie.
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